Les secteurs d'activité Médecine
Selon un rapport publié par l’association The Shift Project en 2021, le secteur de la santé représente environ 8 % des émissions de CO² en France. Il est donc essentiel de réduire l’empreinte écologique des entreprises médicales pour espérer atteindre l’objectif de neutralité carbone inscrit dans l’Accord de Paris. Depuis plusieurs années, les acteurs de la santé ont pris conscience de leur capacité à agir en faveur du développement durable.
La RSE dans le secteur médical s’articule autour des trois grands piliers de toute démarche de RSE : l’environnement, l’économie et le social. Elle affiche une ambition claire : améliorer ses pratiques tout en réduisant ses émissions de CO². Enjeux, impact écologique et actions mises en œuvre : voici tout ce que vous devez savoir sur la démarche RSE dans le secteur médical.
Quels sont les impacts environnementaux, sociaux, économiques et sociétaux des établissements de santé ?
Le bilan carbone du secteur médical est loin d’être anodin. Avec plus de 50 millions de tonnes de CO² émis chaque année, les professionnels du secteur représentent une part importante de la pollution en France. Selon le rapport de l’association The Shift Project, il existe trois grandes sources de pollution environnementale issue de ce milieu professionnel. Il s’agit de l’achat de médicaments et d’équipements médicaux, du transport des patients et des immobilisations.
La consommation d’électricité a également une incidence significative. Les établissements médicaux fonctionnent 7/7, sans interruption, tout au long de l’année. Avec des équipements énergivores et des locaux souvent mal isolés, leurs besoins en énergie sont élevés.
Dans un contexte économique toujours plus contraint, les investissements et les politiques publiques se concentrent sur l’innovation médicale et la recherche. Le développement durable et le bien-être au travail sont souvent relégués au second plan. Ainsi, les collaborateurs du milieu de la santé sont parmi les plus exposés au stress et à la souffrance au travail. Une situation qui se répercute sur la qualité de service offerte aux patients.
Qu’est-ce que le développement durable et la RSE dans le milieu médical ?
Dans un domaine aussi sensible que la santé, l’écologie ne fait pas partie des priorités. Pourtant, la RSE a toute sa place dans les établissements de soins et auprès des professionnels libéraux. Elle peut avoir une réelle incidence sur la politique d’achats, le parcours de soins, les ressources humaines, ou la consommation d’énergie.
Le développement durable peut agir comme un véritable levier de performance. Il peut apporter de nombreux bénéfices aux professionnels du secteur, laboratoires, industriels, établissements de soins et salariés. Une démarche responsable contribue à fidéliser les patients. Elle permet aussi d’optimiser les coûts de fonctionnement tout en adoptant une gouvernance éthique.
Quels sont les enjeux d’une démarche RSE dans le secteur médical ?
Dans le milieu sanitaire, les enjeux de la RSE sont nombreux. Ils ont un objectif commun : réduire l’empreinte écologique des entreprises médicales tout en améliorant la qualité des soins offerts aux patients et le cadre de travail des professionnels de santé.
Réduire les émissions de CO² des entreprises du secteur de la santé
La RSE se traduit par une prise de conscience de l’urgence climatique. Mais elle doit dépasser le stade du simple constat, et s’accompagner d’actions concrètes en faveur de l’environnement. Seule une démarche active peut contribuer à réduire les émissions de CO² à l’échelle de la France.
De nombreuses études démontrent l’impact du réchauffement climatique sur la santé. Mais l’inverse est aussi à considérer. Il faut tenir compte de l’incidence des activités médicales sur l’environnement. Cette prise de conscience s’accompagne d’actions concrètes :
- rénovation du parc immobilier ;
- achat d’équipements plus écologiques ;
- écoconception des médicaments (packaging, transport, matières premières) ;
- remplacement de certains produits, comme le protoxyde d’azote, par des équivalents moins polluants.
Assurer la viabilité économique du système de santé
La démarche environnementale des hôpitaux comporte un volet économique important. Et pour cause : le coût des soins est une préoccupation majeure pour les pouvoirs publics. La gratuité des services de base n’est pas remise en cause. Mais le système hospitalier a besoin d’être optimisé afin de concilier santé publique, développement durable, et viabilité économique.
La mise en place d’une stratégie de gouvernance des établissements de soins doit permettre de réduire le coût de la prise en charge des patients. Elle permet aussi de proposer une qualité de soins optimale. Les hôpitaux doivent devenir plus résilients pour affronter les bouleversements climatiques actuels et futurs. Ils doivent miser sur la sobriété énergétique et optimiser leur budget de fonctionnement.
Maintenir la qualité des soins offerte aux patients
Les parties prenantes du secteur médical ont un rôle important à jouer dans l’accès aux soins. Le coût de fabrication des médicaments et des équipements doit être maîtrisé afin de proposer des soins à un prix accessible et égalitaire.
D’un autre côté, certaines maladies doivent être mieux prises en charge. Le dépistage et les parcours de soins doivent être améliorés, pour permettre une détection plus rapide des pathologies.
Améliorer les conditions de travail du personnel de santé
Le volet social de la RSE dans le milieu médical porte sur les conditions de travail du personnel de santé, soignant et non soignant. La formation professionnelle occupe une place importante dans la démarche RSE. Elle doit permettre aux équipes médicales de continuer à proposer un haut niveau de service, en se formant aux nouvelles pratiques.
Le dialogue social est tout aussi important. La surcharge de travail des équipes médicales et le manque de personnel qualifié détériorent les conditions de travail. Au-delà de la question de la rémunération, les salariés ont besoin d’accompagnement et de solutions concrètes.
Comment mettre en place une bonne politique RSE dans le secteur médical ?
La mise en place d’une bonne politique écologique, sociale et environnementale implique une coordination de toutes les parties prenantes. Les pouvoirs publics ont un rôle essentiel à jouer, dans la mesure où ils produisent les lois et règlements applicables au secteur. L’État est aussi le principal financeur du système de santé français.
Mais les établissements publics et les sociétés privées ne doivent pas compter uniquement sur ce cadre législatif. Ils doivent adopter une politique active et volontaire, et construire leur propre engagement RSE. En optant pour la transparence dans leur stratégie de gouvernance, hôpitaux, centre de soins, laboratoires et industriels peuvent coordonner leurs actions et maximiser l’impact de leur RSE.
La plupart du temps, les professionnels de santé manquent de recul sur leur impact écologique. Ils n’ont que peu de repères pour mesurer réellement leur empreinte carbone. Pour y remédier, salariés et libéraux l doivent recevoir une formation sur les bonnes pratiques en matière de développement durable.
Lorsqu’une RSE est mise en place, il est nécessaire de vérifier régulièrement l’efficacité des actions, à l’aide d’indicateurs de performance. Ces KPI permettent de contrôler la progression de la RSE et le respect des engagements pris par l’entreprise. Ils contribuent aussi à améliorer la communication de l’établissement vis-à-vis du public comme des salariés.
ANAP : quel rôle a-t-il dans la RSE du secteur médical ?
L’ANAP est une agence publique qui conseille et accompagne les professionnels du secteur médical dans l’amélioration de leurs performances. Elle apporte un soutien concret aux sociétés œuvrant dans le domaine de la santé.
Qu’est-ce que l’ANAP ?
Créée en 2009, l’agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale offre un accompagnement logistique, stratégique et opérationnel aux établissements médicaux.
Son intervention s’articule autour de 6 grands pôles :
- les usages du numérique ;
- l’économie, les finances, l’intelligence artificielle et la data ;
- la prise en charge ;
- les parcours sanitaires et médico-sociaux ;
- l’investissement, la logistique et le développement durable ;
- les ressources humaines.
En quoi l’ANAP peut aider les entreprises dans leur démarche RSE ?
L’ANAP peut jouer un rôle actif auprès des professionnels de santé. Groupe pharmaceutique ou établissements de soins, l’agence effectue un diagnostic approfondi de l’entreprise. Son champ d’action concerne directement le développement durable et la RSE.
L’ANAP met à disposition des entreprises un large panel de ressources et d’outils opérationnels. Elle regroupe un important réseau de professionnels, et facilite la mise en commun des bonnes pratiques dans le monde médical.
Où en est le secteur médical aujourd’hui dans la démarche RSE ?
La RSE et les principes du développement durable ont toute leur place dans le milieu médical. De plus en plus d’acteurs du secteur de la santé s’en inspirent pour améliorer leurs pratiques.
Ainsi, le CHU de Cannes fait figure de pionnier en tant qu’hôpital citoyen. Labellisé maternité écoresponsable, le CHU prône l’écoconception des soins et l’amélioration de la gestion des déchets. Le CHU de Toulouse et les Hospices civils de Lyon sont également impliqués dans une démarche environnementale. Leurs actions s’organisent autour des grands principes du développement durable.
Du côté des acteurs privés, le groupe pharmaceutique Sanofi s’est engagé dans une démarche RSE. Elle s’organise autour de 4 grands axes : inclusion, accès aux médicaments, préservation de l’environnement et soutien aux plus vulnérables. C’est aussi le cas du groupe Elsan, qui gère des hôpitaux privés. L’entreprise s’est dotée d’un référentiel RSE et a mis en place une charte éthique.
En mai 2023, le gouvernement a créé un comité de pilotage dédié à la transition écologique du secteur de la santé. L’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 5 % par an d’ici 2050. Cette nouvelle initiative devrait permettre de structurer et de renforcer la démarche RSE des parties prenantes du milieu médical.