Les secteurs d'activité L'automobile

La filière automobile a longtemps accusé un certain retard en matière de développement durable. Recyclage des matériaux, modes de production, nouvelles mobilités, etc. Ces dernières décennies, les industriels ont entrepris des efforts pour entrer dans l’ère de la responsabilité environnementale. Quels défis doivent relever les entreprises qui s’engagent dans une stratégie RSE automobile ? Des enjeux environnementaux à la responsabilité sociétale, décryptons les initiatives et les obstacles qui redéfinissent l’avenir durable de ce secteur en pleine mutation. 

Qu’est-ce que la RSE dans l’industrie automobile ?

La responsabilité sociale des entreprises (RSE) rassemble les actions mises en place par les entreprises pour aligner leurs pratiques sur les principes du développement durable. Dans l’industrie automobile, la RSE se matérialise à travers les moyens mis en œuvre par les entreprises en matière de développement durable, qui intègrent les trois piliers RSE (environnemental, social, et économique). Face aux attentes de ses parties prenantes, collaborateurs, clients ou partenaires, la filière automobile doit être au cœur des enjeux de développement durable et s’engager dans une démarche responsable.

La RSE des entreprises automobiles sur le plan environnemental

La RSE automobile s’affirme comme une préoccupation cruciale au niveau environnemental. Le secteur automobile doit s’entourer de personnels compétents pour évaluer son empreinte carbone et analyser le cycle de vie de ses produits. Les entreprises de l’industrie automobile pourront alors promouvoir de nouvelles pratiques et des technologies éco performantes. Au-delà des véhicules zéro émission, tels que les modèles électriques, la  démarche RSE englobe des initiatives axées sur des modes de production moins énergivores et l’utilisation de matériaux plus durables dans la conception des véhicules. Cette approche holistique de la RSE automobile vise à la maîtrise globale de son impact environnemental.

La RSE des entreprises automobiles sur le plan social

La RSE dans l’automobile implique l’intégration par les entreprises de préoccupations sociales qui contribue au bien-être des collaborateurs comme l’instauration de programmes de formation continue ou une politique de prévoyance. Plus globalement, les actions RSE sociales dans l’automobile favorisent une culture d’entreprise inclusive et responsable. En particulier, lorsqu’elles vont au-delà des exigences légales minimales imposées par les conventions collectives.

La RSE des entreprises automobiles dans le domaine économique

La RSE automobile au niveau économique concilie la prise en compte des effets de l’activité de l’entreprise sur l’environnement et la société. Elle peut se traduire par des pratiques commerciales équitables, des engagements envers des normes éthiques élevées ou des informations claires et accessibles sur les performances économiques de l’entreprise. La RSE automobile permet aux entreprises de concilier leurs ambitions économiques et environnementales en coopération avec l’ensemble de leurs partenaires.

Dans quelle mesure l’industrie automobile répond-elle à la RSE ?

Le secteur automobile doit s’adapter aux nouvelles tendances technologiques, aux exigences de développement durable et aux nouveaux besoins de mobilité. Les constructeurs automobiles intensifient leurs efforts pour développer des véhicules électriques et hybrides. La RSE automobile se matérialise également dans la gestion responsable des déchets automobiles. Tesla, par exemple, intègre des matériaux durables dans ses véhicules (comme l’aluminium recyclé pour la carrosserie). Le constructeur automobile américain produit des batteries à l’aide d’énergies renouvelables dans sa « Gigafactory » européenne située près de Berlin. Enfin, de nouvelles réglementations en Europe et aux États-Unis pourraient booster le recyclage des batteries pour véhicules électriques.

Comment le secteur automobile a-t-il progressé en matière de RSE au fil des ans ?

Le secteur automobile traverse une période de bouleversements. Dans les années 60, le taux de croissance du secteur automobile était de 10 % par an, en 2022, il recule de 8 %. La crise du secteur va-t-elle contribuer à accélérer la transition écologique dans l’industrie automobile ? Véhicules connectés, mobilité partagée, véhicule autonome ou véhicule électrique. L’objectif pour les constructeurs et les équipementiers est d’investir pour apporter de la croissance et de la valeur ajoutée à leurs clients.

La responsabilité sociale des entreprises, une notion qui gagne en visibilité

La RSE apparaît aux États-Unis dans les années 50 sous le terme Corporate social responsability. Pour les entreprises du secteur automobile, elle constitue une réponse face aux nouvelles exigences environnementales de la société et de ses parties prenantes. Il s’agit de rechercher une performance globale grâce à l’approche des 3P (profit, planète, people) qui intègre les résultats environnementaux et sociaux aux classiques résultats financiers.

Le reporting RSE, une exception française ?

La loi NRE de 2001 incite les entreprises cotées en bourse à entamer une démarche RSE. Ces entreprises doivent publier, avec leurs résultats annuels, des informations sur les conséquences sociales et environnementales de leurs activités. La loi Grenelle II de juillet 2010 renforce certaines dispositions, notamment pour les entreprises de plus de 500 salariés qui doivent fournir un « reporting RSE ». Enfin, la loi Pacte de 2019, consacre la RSE en offrant la possibilité, aux entreprises qui le souhaitent, de prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux de leur activité. En France, aucune loi ou aucun décret ne contraint les PME à mettre en place des actions RSE.

Quelles sont les initiatives environnementales dans l’industrie automobile ?

Les enjeux liés à l’environnement et au développement durable sont devenus aussi importants que les impératifs de mobilité. L’industrie automobile aujourd’hui doit pouvoir apporter des solutions RSE pertinentes en matière de durabilité, mais aussi d’innovation sur l’ensemble du cycle de vie automobile. Ainsi, après le scandale du « dieselgate » (des tests moteurs tronqués pour tromper les normes de pollution), Volkswagen s’engage dans un programme baptisé Way to Zero, qui doit conduire le groupe vers la neutralité carbone d’ici 2050.

Dix constructeurs tels BMW, Toyota, Ford, ou encore Volvo, ont rejoint dès 2017, le programme Drive Sustainability, un partenariat centré autour d’initiatives responsables (conditions de travail, normes de production, etc.), visant à réduire leur empreinte carbone.

Quels sont les défis non résolus de la RSE automobile ?

Face aux exigences des consommateurs, le développement durable est un enjeu stratégique pour le secteur automobile. Un rapport de Capgemini souligne que l’industrie automobile est en train de rattraper son retard sur le respect des normes de durabilité. Toutefois, si 62 % des constructeurs automobiles disposent d’une stratégie de développement durable, sa mise en œuvre reste peu structurée. 

Le défi est de taille ! Car la Commission européenne veut être à la pointe de la transition écologique avec, comme date butoir, zéro émission pour le parc automobile en 2050. Depuis 1990, les normes Euro se succèdent et imposent des valeurs limites d’émissions polluantes de plus en plus contraignantes. La norme actuellement en vigueur est la norme Euro 6. Dès 2021, le parc automobile de chaque constructeur ne pourra pas émettre plus de 95 grammes par kilomètre et 60 grammes par kilomètre en 2030. Un objectif difficile à atteindre selon France stratégie, toutefois possible à condition de passer aux véhicules électriques et de réduire le poids des voitures.

Les rapports RSE dans l’automobile reflètent-ils réellement les actions entreprises ?

Les rapports RSE de l’industrie automobile varient dans leur fidélité à refléter les engagements des entreprises. Un engagement concret et mesurable peut, par exemple, s’évaluer au niveau de critères quantifiables comme les émissions de gaz à effet de serre, l’intégration d’une politique de durabilité dans toute la chaîne d’approvisionnement, ou l’implication des parties prenantes. En 2020, Ferrari se classe en 4e position du rapport du Reputation Institute qui évalue la réputation RSE des entreprises. Un tel classement récompense la perception RSE des entreprises et non les actions mises en œuvre. Dans l’automobile, certains constructeurs font toutefois preuve d’initiatives vertueuses comme le Toyota Environmental Challenge 2050. Cet engagement vise à atténuer l’impact environnemental des opérations de Toyota et de ses véhicules avec des objectifs de durabilité à long terme.

Comment l’industrie automobile répond-elle aux inquiétudes concernant le « greenwashing » ?

Aujourd’hui, la « réputation » de l’entreprise est le nerf de la guerre comme peuvent l’être ses résultats ou son engagement en bourse. La publication d’informations liées à une politique engagée dans la RSE fournit aux entreprises de la matière pour communiquer auprès de ses parties prenantes. À condition que l’entreprise ne se contente pas du seul effet d’annonce.

Voiture verte, progrès technologique ou greenwashing ?

« Voiture verte », « énergie propre », le bilan carbone de la voiture électrique tant vanté n’est qu’un exemple parmi d’autres. Cobalt, lithium, cuivre… D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les batteries électriques comptent plus de 200 kilogrammes de minéraux en moyenne, soit six fois plus que pour un véhicule thermique. Selon l’ADEME, pour que le bilan carbone des véhicules électriques reste satisfaisant, il faut opter pour un modèle de véhicule le plus petit et léger possible, adapté aux trajets domicile-travail. Exit donc les gros SUV « propres » toujours plus connectés et bourrés de semi-conducteurs.

Comment les entreprises automobiles engagées dans la RSE peuvent-elles lutter contre le greenwashing ?

Les entreprises entreprenant une démarche responsable doivent faire preuve de transparence et étayer leurs actions. Les entreprises engagées dans une véritable démarche RSE gagnent en crédibilité en appuyant leurs actions de reporting RSE. Plus précisément, en se fixant des objectifs de développement durable pour chaque activité de l’entreprise, mesurés par des KPIs dédiés. Les entreprises qui adoptent un discours vert dans le seul objectif de gagner en notoriété prennent le risque d’être pointées du doigt par des ONG ou sur les réseaux sociaux.

Quel serait un bon modèle RSE dans le secteur automobile ?

Il n’y a pas de « bon » modèle RSE, car chaque démarche est propre à l’entreprise qui la met en œuvre. Toutefois, la société Cap Gemini a mis en exergue les actions suivantes, optimales dans le cadre d’une stratégie RSE du secteur automobile. 

  • Démontrer des progrès tangibles en matière de développement durable.
  • Mettre la durabilité au cœur de la stratégie de l’entreprise.
  • Concevoir des initiatives de développement durable sur toute la chaîne de valeur automobile.
  • Utiliser les nouvelles technologies pour améliorer le développement durable dans les opérations de l’entreprise.
  • Renforcer les partenariats et alliances pour un impact plus fort.

 

Quel est l’avenir de la RSE automobile ?

Certains constructeurs automobile comme Stellantis s’engagent à « devenir le champion de la lutte contre le changement climatique dans le secteur automobile » et à « atteindre une empreinte zéro carbone à l’horizon 2038 ». D’autres entreprises engagent leur démarche RSE plus modestement. De fait, la RSE automobile a de beaux jours devant elle. Électrification croissante, mobilité partagée, innovation technologique définissent le paysage automobile de demain. L’engagement croissant des consommateurs et les restrictions réglementaires influencent les pratiques durables et renforcent la transition des industriels de l’automobile vers une mobilité plus durable. L’industrie automobile, en intégrant la RSE au cœur de ses activités pourra répondre aux défis environnementaux et sociaux tout en anticipant les attentes des consommateurs.