Les fondamentaux Le Rapport Brundtland

Publié en 1987 par l’ONU, le rapport Our Common Future, ou rapport Brundtland, est un texte fondateur en matière de développement durable. Il marque un tournant dans la protection de l’environnement à l’échelle mondiale. Il définit pour la première fois le concept de développement durable et contribue à le diffuser largement.

À travers cette publication, l’objectif de l’ONU est d’alerter les États et les populations des effets de l’activité humaine sur l’environnement. Mais le rapport Brundtland ne se contente pas de dresser un constat, il émet une liste de recommandations, dans le but de rétablir un juste équilibre entre les intérêts économiques, sociaux et environnementaux. Concepts, enjeux et impact sur les générations futures, voici tout ce que vous devez savoir sur le rapport Brundtland.

Qu’est-ce que le rapport Brundtland ?

Le rapport Brundtland est un document majeur en matière de protection de l’environnement. Il a été publié en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement des Nations Unies, présidée par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland. En France, son nom officiel est le rapport Notre avenir à Tous.

La publication de ce texte s’inscrit dans un contexte international tendu, en raison de plusieurs crises dont le choc pétrolier de 1973 et l’accident nucléaire de Tchernobyl, en 1986. Déjà en 1972, le rapport Meadows dresse un constat inquiétant du développement futur de la planète, et du déclin annoncé de la civilisation contemporaine. En 1983, l’ONU s’empare du problème. Ses représentants commandent une étude complète sur les risques environnementaux, sociaux et économiques engendrés par les activités humaines.

Après quatre années de recherches, la commission publie un rapport alarmant sur les conséquences de la pollution et sur l’épuisement des ressources naturelles de la planète. Il pose la première définition de la notion de développement durable, et établit une liste de recommandations dans l’espoir d’endiguer le réchauffement climatique et de ralentir les émissions de CO². 

Quels sont les principaux concepts du rapport Brundtland ?

Le rapport Brundtland est le fruit d’un important travail de recherche et d’analyse. Il met l’accent sur plusieurs concepts clés du développement durable, et marque un tournant en matière de protection de l’environnement. 

Le développement durable

Le rapport Brundtland doit en partie sa renommée à sa définition du développement durable. Ce concept s’entend comme le fait de subvenir aux besoins des générations actuelles, sans compromettre l’avenir des générations futures. 

La notion de développement durable est étroitement liée au concept d’équité intergénérationnelle. Les générations actuelles sont responsables envers la planète et les générations futures, des conséquences de la pollution atmosphérique. Une évolution des pratiques est indispensable pour permettre aux générations futures de vivre dans un environnement supportable.

L’interdépendance des enjeux économiques sociaux et environnementaux

Les auteurs du rapport Our Common Future développent d’autres concepts directement liés au développement durable. Ils s’intéressent notamment à l’interdépendance entre les enjeux économiques, environnementaux et sociaux. La résolution des problématiques mondiales passe forcément par une approche transversale. Elle implique une prise en compte des trois piliers du développement durable : environnement, économie et société.

La réduction des inégalités

Le rapport défend aussi une approche inclusive du développement mondial. Ses auteurs soulignent l’importance de prendre en considération les besoins des populations les plus démunies.

Les déséquilibres entre les pays du Nord et ceux du Sud doivent être compensés par une solidarité intensive dans tous les domaines (santé, éducation, économie, environnement, etc.). Une répartition plus équitable des ressources est essentielle pour réduire les inégalités entre les populations et amorcer un développement plus éthique des sociétés contemporaines.

Le principe de précaution

L’ONU préconise l’application du principe de précaution au développement durable. Lorsqu’une activité humaine peut générer un risque sérieux pour l’environnement, les États doivent prendre toutes les mesures de protection afin de protéger les populations et les espaces naturels. Même en l’absence de preuves scientifiques absolues, le principe de précaution doit être appliqué.

Une mobilisation commune à l’échelle mondiale

La protection de l’environnement nécessite une mobilisation générale. Le rapport reconnaît la responsabilité de chacun, à différents niveaux, dans la crise écologique. Pour relever les défis environnementaux actuels et futurs, les États, les entreprises et les citoyens doivent adopter de nouvelles pratiques, et s’engager dans une démarche commune de développement durable.

Quelles sont les conclusions et les recommandations du rapport ?

À la fin des années 1980, le rapport Our Common Future dresse un bilan alarmant de l’état de la planète. Le développement économique et la surconsommation des ressources naturelles engendrent des dommages graves sur l’environnement.

L’ONU met en garde les pays contre les risques encourus par les populations et les territoires, en l’absence de mesures immédiates. La publication conclut à l’urgence climatique et appelle à une réaction internationale rapide et adaptée, afin d’éviter l’effondrement de la civilisation contemporaine à l’horizon 2100. 

Tout au long du rapport, ses auteurs ont formulé des recommandations, afin d’encourager l’introduction de nouveaux comportements. Ils préconisent notamment :

  • une gestion durable et raisonnée des ressources naturelles ;
  • la mise en place d’une économie mondiale durable, incluant une répartition équitable des richesses entre les différents pays ;
  • une meilleure gestion de la croissance démographique à travers le monde ;
  • la satisfaction des besoins essentiels de tous les citoyens en ce qui concerne l’emploi, l’alimentation, l’énergie, l’eau et la salubrité ;
  • l’intégration des principes du développement durable dans le processus de prise de décisions ;
  • l’amélioration et la diffusion des technologies respectueuses de l’environnement.

Quel est l’impact et héritage du rapport Brundtland à travers le monde ?

Le rapport Brundtland a eu un impact significatif sur la politique environnementale internationale. Il a permis de sensibiliser un grand nombre de personnes aux conséquences du réchauffement climatique. Au fil des années, il est devenu une référence en matière de développement durable. Il a influencé de nombreuses publications scientifiques dans le domaine de l’économie, de l’environnement, des politiques publiques ou du respect des droits humains.

Le rapport Our Common Future a également servi de base de travail pour la préparation de plusieurs événements internationaux. En 1992, il a notamment été utilisé pour l’organisation du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Cette conférence a rassemblé une centaine de pays et de nombreuses ONG. Elle a permis d’adopter l’Agenda 21, un plan d’action pour le développement durable. La Cop 21 et la signature de l’Accord de Paris de 2015 sont également des héritages directs du rapport Brundtland.

Depuis sa publication, le rapport Brundtland a influencé de nombreux pays dans leur façon d’appréhender l’économie et l’environnement. Il a contribué à redéfinir les objectifs de chaque État en matière de protection de l’environnement et de consommation des ressources naturelles. En France, il a notamment influencé l’élaboration de la Charte de l’Environnement, intégrée à la Constitution en 2005. 

Quels sont les progrès réalisés depuis la publication du rapport Brundtland ?

Plus de 35 ans après la publication du rapport Brundtland, le développement durable est devenu un concept incontournable dans nos sociétés contemporaines, et de nombreux progrès ont été réalisés à travers le monde.

Le recours aux énergies renouvelables

Les énergies renouvelables se sont considérablement développées, réduisant ainsi le recours aux énergies fossiles. En France, l’énergie verte représente 13 % de la consommation d’énergie primaire, un chiffre en constante progression.

L’énergie solaire représente environ 3 % de la consommation mondiale, contre moins de 1 % en 2010, selon l’Agence internationale de l’énergie. L’énergie éolienne, particulièrement utilisée en Europe et en Asie, correspond à environ 5 % de la consommation d’énergie à travers le monde.

La protection de la biodiversité

De plus en plus de pays sont engagés dans la protection de l’environnement et de la biodiversité. Certaines espèces animales en voie de disparition dans les années 1980 ne sont plus menacées. C’est le cas de la baleine à bosse, du panda géant ou de l’oryx d’Arabie.

Les océans font également l’objet d’une étroite surveillance. En 2023, l’ONU a adopté un traité protégeant les fonds marins contre l’exploitation minière. Dans l’Union européenne, l’interdiction de la pêche électrique, technique particulièrement destructrice, est entrée en vigueur en 2021.

L’utilisation du plastique

Le plastique, notamment les emballages à usage unique, génère une quantité importante de déchets. Ces dernières années, plusieurs États ont pris des mesures pour réduire l’impact du plastique sur l’environnement. En France, les sacs plastiques jetables sont interdits depuis 2016, tandis que les emballages plastiques à usage unique sont proscrits depuis 2021. 

D’une manière générale, le recours aux produits jetables diminue progressivement au profit d’emballages réutilisables. En parallèle, la filière du recyclage s’est structurée, afin d’améliorer le traitement des déchets en plastique.

La réduction des inégalités

La réduction des inégalités est l’un des enjeux majeurs du développement durable. Depuis la publication du rapport Brundtland, des investissements ont été réalisés afin d’améliorer la situation des territoires les plus touchés par la pauvreté. 

Entre 1990 et 2019, la pauvreté a nettement reculé dans le monde, même si ces efforts ont été freinés par la crise sanitaire. Selon une publication de l’ONU, 36 % de la population mondiale vivait avec moins de 2 euros par jour, contre environ 10 % en 2015.

Notre avenir à Tous : que dit le rapport Brundtland sur les générations futures ?

Les générations futures occupent une place importante dans le rapport Brundtland, puisqu’elles résident au cœur des enjeux du développement durable. Elles font d’ailleurs partie de la définition donnée dans la publication.

Selon le principe d’équité intergénérationnelle, les populations actuelles sont responsables de l’environnement dans lequel les générations futures évolueront. La satisfaction de leurs besoins primaires, leur sécurité et leur santé dépendent des actions mises en œuvre aujourd’hui. En ce sens, elles jouent un rôle majeur dans la prise de conscience et la sensibilisation des générations actuelles à la crise climatique actuelle. 

Quels sont les défis liés au développement durable aujourd’hui ?

Même si de nombreux progrès ont été réalisés depuis la publication du rapport Brundtland, le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources naturelles restent des problématiques majeures. Malgré une prise de conscience collective, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, accélérant ainsi le réchauffement climatique.

Aujourd’hui, la communauté internationale doit se mobiliser pour respecter les engagements pris lors de la Cop 21. Les défis à relever sont nombreux, et concernent aussi bien l’urbanisation des territoires, que la préservation de la biodiversité ou l’accès à l’eau potable.

Les crises sanitaires et climatiques sont amenées à se multiplier dans les prochaines décennies. Les États doivent aider les entreprises et les populations à améliorer leur résilience, et à s’adapter au bouleversement climatique.

Le rapport Brundtland a permis d’ancrer le développement durable dans les politiques publiques. Depuis 35 ans, le réchauffement climatique ne cesse de bouleverser notre quotidien. La transition écologique doit s’intensifier pour éviter une crise économique, écologique et sociale d’ampleur internationale.