7 août 2024
Quel est l’impact des festivals sur la faune et la flore ?
Vieilles Charrues, We Love Green, Hellfest, Garorock, chaque année, des dizaines d’événements sont organisés en France. Les festivaliers et les artistes déferlent, souvent en plein air. La musique résonne jour et nuit. De fait, l’impact des festivals sur la faune et la flore n’est pas négligeable. En plus de l’empreinte carbone, de la pollution sonore et des déchets générés par l’événement, la biodiversité subit d’autres conséquences à long terme.
Inéluctables ? Non. La législation oppose des garde-fous pour préserver l’environnement. Organisateurs et spectateurs tentent de limiter les répercussions négatives. Exemple récent : We Love Green. Le festival du Bois de Vincennes à Paris a lancé en 2024 une étude ambitieuse. Jusqu’en 2026, elle va évaluer les répercussions de l’événement sur l’environnement.
La biodiversité polluée par l’empreinte carbone du festival, le bruit et les déchets produits
Le fonctionnement des grands festivals de musique génère différents types de pollution, néfastes pour la biodiversité environnante. L’impact des festivals sur la faune et la flore est loin d’être insignifiant.
Le transport des artistes et festivaliers, bête noire des gros événements de musique
L’empreinte carbone des artistes et surtout des festivaliers contribue à la pollution de l’air. Selon le rapport Décarbonons la culture ! de The Shift Project, le transport en voiture, bus ou avion des festivaliers des Vieilles Charrues (280 000 spectateurs) en France représente la moitié des émissions de gaz à effet de serre de l’événement. L’acheminement du matériel des artistes compte, lui, pour un quart des émissions de CO2, responsables du réchauffement de la planète.
Les animaux perturbés par la pollution sonore et lumineuse d’un festival
La pollution sonore empêche les animaux de communiquer. C’est notamment le cas des oiseaux. Leur ouïe leur permet de chercher de la nourriture, mais surtout de repérer les prédateurs. La musique à un volume élevé les stresse et les désoriente.
La disparition des zones d’ombre nocturnes empêche certaines espèces de se déplacer, de se nourrir ou de se reproduire. La lumière artificielle des festivals fragmente leur habitat. Elle dérègle leur horloge biologique.
Les déchets, menaces pour les espèces environnantes après le festival
Sur des festivals de grande ampleur, les déchets sont inévitables. Emballages, plastique à usage unique peuvent se retrouver en grande quantité dans l’environnement. Sans une gestion efficace, ils polluent les cours d’eau proches du site de l’événement. Les déchets dégradent les sols. À long terme, ils entraînent la mort des animaux qui les ingèrent ou se retrouvent enchevêtrés.
Sur place, des conséquences à long terme sur la floraison et la reproduction
Un festival de musique occupe généralement une superficie très importante. De lourdes infrastructures sont mises en place. Des milliers de festivaliers piétinent le sol pendant plusieurs jours.
Ce piétinement détruit parfois les habitats naturels. Or, 23 % de la biodiversité vit dans le sol. Le tassement du sol entraîne « une modification de la dormance des graines, et par conséquent de la floraison dont dépendent les insectes », explique Hugues Mouret, naturaliste et directeur scientifique de l’association Arthropologia.
Le passage perpétuel des festivaliers, la pollution lumineuse nocturne ainsi que la pollution sonore dérangent les espèces. Cela a des effets directs sur leur reproduction, notamment en période de nidification, selon la Ligue de protection des oiseaux. Le bruit peut également les contraindre à se déplacer. On observe alors une perte de biodiversité sur le site après le festival.
En France, des réglementations à respecter pour organiser un festival dans la nature
En France, en 2021, le ministère de la Culture a publié une Charte de développement durable pour les festivals. L’objectif 6 vise à « minimiser les impacts des manifestations sur leur environnement et rendre le site dans un état identique ou amélioré par rapport à son état initial ».
Avant d’organiser un festival en plein air, les organisateurs montrent patte blanche. Ils doivent prendre connaissance et respecter les réglementations en vigueur sur le site investi. Certains sites font l’objet d’une autorisation spéciale :
- zones Natura 2000, de la Direction départementale des territoires et de la mer ;
- sites naturels classés, de la Commission départementale des sites ;
- réserves naturelles, de la préfecture ;
- zones d’intérêt écologique, faunistique et floristique, du ministère de l’Environnement.
Les sites non classés peuvent également abriter des espèces protégées. Les organisateurs doivent en tenir compte. Ils peuvent se rapprocher de la mairie ou des associations de protection de l’environnement locales pour que leur festival respecte au mieux les écosystèmes présents sur site.
Comment limiter les conséquences des festivals sur l’environnement ?
L’organisation d’événements en plein air n’est jamais neutre au niveau environnemental. Cependant, plusieurs actions limitent l’impact des festivals sur la faune et la flore. Les organisateurs et les spectateurs jouent alors un rôle prépondérant.
Organisation : mettre en place un festival le plus durable possible
La Charte de développement durable du ministère de la Culture invite à limiter l’impact des festivals sur la faune et la flore. C’est la mission première de l’association organisatrice de l’événement. Elle peut agir à plusieurs niveaux.
- Choisir une date de festival en dehors des périodes de nidification ou de reproduction.
- Limiter les véhicules motorisés sur le site du festival.
- Utiliser les chemins préexistants balisés pour le déplacement des spectateurs.
- Lors de l’aménagement, préserver les arbres, les fourrés, les haies.
- Limiter l’éclairage aux besoins du festival et à la sécurité. Cela réduit la pollution lumineuse nocturne.
- Limiter le nombre de décibels pour moins stresser les oiseaux et les petits mammifères.
- Produire le moins de déchets possible. Trier et valoriser les déchets générés.
Festivaliers : réduire son empreinte carbone et ses déchets
En adoptant un comportement éco-responsable, les spectateurs apportent leur pierre à l’édifice écologique. Voici comment agir pour la planète tout en profitant de la fête.
- Rejoindre le festival en transport en commun ou co-voiturage. Éviter à tout prix l’avion.
- Sur place, ne pas jeter les déchets sur le sol ou dans l’environnement. Utiliser les poubelles de recyclage mises à disposition.
- Ne pas circuler en dehors des chemins balisés. Vous préserverez les habitats naturels.
- Adopter un comportement éco-responsable en achetant de la nourriture biologique sur des stands utilisant peu d’emballages plastiques.
Des événements plus attentifs à l’environnement : l’exemple de We Love Green à Paris
En mai 2024, des associations réclamaient la relocalisation du festival de musique We Love Green. L’événement se déroule chaque année depuis treize ans dans le bois de Vincennes à Paris fin mai, début juin.
La date du festival coïncide avec la nidification des oiseaux du Bois de Vincennes
Le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) et la Ligue de protection des oiseaux, notamment, ont pointé du doigt l’impact des festivals sur la faune et la flore. La date du festival We Love Green coïncide avec la période de nidification des oiseaux. D’après les défenseurs de l’environnement, cela perturbe l’apprentissage des nouveau-nés. Ils affirment également que les éclairages ou le volume sonore dérangent les petits mammifères nocturnes.
We Love Green lance une étude sur trois ans
Face à cette levée de boucliers, We Love Green (en français, nous aimons la nature) a lancé en 2024 une étude visant à mesurer les répercussions du festival sur la biodiversité du Bois de Vincennes. L’étude au long cours va se dérouler sur trois ans.
En pratique, des capteurs d’ultrasons (pour les chauves-souris) et des nichoirs à oiseaux ont été installés en amont du festival. Ils évalueront les répercussions sur les écosystèmes de la pollution sonore, lumineuse et du passage d’un grand nombre de spectateurs. Les enregistreurs fourniront des données avant le montage, pendant le montage, pendant le festival, pendant le démontage et après le festival.
L’étude de We Love Green mesurera également les conséquences du festival au niveau floristique. Grâce au protocole Florilèges du programme Vigie-Nature, les effets du piétinement sur le site du Bois de Vincennes seront comparés année après année. Les résultats de l’étude sont attendus en 2026.
L’impact des festivals sur la faune et la flore est loin d’être négligeable. Bruit, lumière nocturne, déchets, piétinement des sols fragilisent les écosystèmes environnants. De plus en plus de festivals prennent en compte la dimension écologique dans leur organisation. L’exemple de We Love Green est l’arbre qui cache la forêt. Au Hellfest, un écologue étudie la faune et la flore sur le site tous les ans. Aux Vieilles Charrues, on privilégie la gestion des déchets. La moitié sont recyclés.
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