27 mai 2025

Les défis du nucléaire en France : ambitions et réalités

Difficile de parler énergie en France sans évoquer le nucléaire. L’Hexagone a depuis longtemps fait le choix de cette filière, et plus de 80 % de la production d’électricité provient de centrales nucléaires. Mais les installations vieillissent, la gestion des déchets radioactifs et de la sécurité reste délicate, et la construction de nouveaux EPR (les réacteurs pressurisés européens) a pris du retard. Tour d’horizon des défis du nucléaire en France sur fond de transition énergétique.

Un parc nucléaire avec des installations vétustes encore en service

La France dispose d’un parc nucléaire parmi les plus importants au monde : 58 réacteurs nucléaires répartis sur 18 sites. Ces installations, pour la plupart mises en service entre les années 1970 et 1990, ont longtemps permis d’assurer une production d’énergie stable et peu carbonée.

Prolonger la durée de vie des centrales

Aujourd’hui, le vieillissement des installations risque de provoquer une chute brutale de la production nucléaire. C’est pourquoi EDF a engagé des opérations de maintenance pour prolonger la durée d’exploitation : le Grand Carénage. Ce programme, piloté par l’ASN devenue l’ASNR (Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection) le 1er janvier 2025, implique des travaux coûteux sur des équipements sensibles.

Une mise à niveau complexe des réacteurs

La remise en état du parc existant ne va pas sans difficultés. Certains réacteurs ont temporairement été mis à l’arrêt pour des problèmes de corrosion ou d’autres anomalies techniques. En 2022, par exemple, près de la moitié du parc était hors exploitation. Cette situation a tendu la gestion de l’électricité dans un contexte de crise énergétique. Ces incidents soulignent la question de la fiabilité du parc à long terme, et font partie des défis du nucléaire en France.

Un démantèlement programmé

En parallèle, la France doit aussi gérer la fermeture définitive de plusieurs centrales nucléaires. Le démantèlement des réacteurs, comme ceux de Fessenheim ou du site de Brennilis, est une opération longue, qui s’étend sur plusieurs années, coûteuse et techniquement complexe. Elle mobilise des compétences pointues pour garantir la sécurité des travailleurs et traiter les déchets radioactifs.

Une filière avec des métiers en tension

Les acteurs du secteur prévoient la création de 100 000 emplois d’ici 2033 pour répondre aux besoins liés à la maintenance du parc actuel, au démantèlement des anciennes installations, et à la construction de nouveaux réacteurs EPR2. Sans une main-d’œuvre qualifiée, le plan de relance du nucléaire français n’aura pas l’effet escompté.

France 2030 : un plan d’investissement qui inclut le programme de relance nucléaire

Face à la crise climatique et à la nécessité de garantir la sécurité énergétique du pays, le président Macron a décidé en 2022 de relancer la filière nucléaire. Objectif : construire de nouveaux réacteurs type EPR2 et soutenir le développement de réacteurs nucléaires de petite taille, plus précisément les petits réacteurs modulaires (SMR).

Les enjeux dans le cadre d’une politique de transition énergétique

L’État français réaffirme depuis plusieurs années son engagement en faveur du nucléaire. La loi sur l’accélération du nucléaire, adoptée en 2023, prévoit d’ailleurs la mise en service de six nouveaux réacteurs EPR2 d’ici 2035, avec une option pour huit réacteurs supplémentaires. Une part grandissante dans le mix énergétique, au côté des énergies renouvelables. Les nouvelles installations doivent renforcer la production d’électricité bas carbone, dans un contexte de forte hausse des besoins.

Prêt à relever les défis du nucléaire en France, le gouvernement mise sur EDF, acteur historique du secteur. Il mobilise aussi des organismes comme le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) pour la recherche et le développement.

Les difficultés techniques et financières

Malgré cette volonté politique assumée, le déploiement de nouveaux réacteurs reste complexe. L’EPR de Flamanville en est la preuve. Ce chantier lancé en 2007 a accumulé les retards, les problèmes techniques et les surcoûts (23 milliards au lieu des 3 milliards prévus). L’ex-ASN a effectué près de 600 inspections et a finalement autorisé sa mise en service en mai 2024. Après 12 ans de retard. Mise en service suivie d’une mise à l’arrêt en septembre 2024, due à un mauvais paramétrage du contrôle commande.

Une énergie pas très populaire

Le faible impact carbone du nucléaire sert d’argument à la relance de la filière. Une énergie qui ne produit pas de gaz à effet de serre, cela sert en effet les intérêts de l’industrie nucléaire. Toutefois, de nombreuses craintes persistent. Et pour cause. Risques d’accidents, gestion des déchets radioactifs, coût pour les finances publiques, les critiques restent vives.

Les centrales émettent peu de CO2, mais la production d’électricité génère chaque année 23 000 m3 de déchets nucléaires. S’y ajoutent des centaines de tonnes de combustible usé extraites du cœur du réacteur et placées dans des piscines de refroidissement. On s’éloigne donc d’une énergie propre.

Déchets, sûreté, sécurité : des enjeux sur le long terme

La relance de la filière a beau être au centre de la stratégie énergétique, elle souligne les défis du nucléaire en France : gestion des déchets, sûreté des installations et sécurité du parc nucléaire

La gestion des déchets radioactifs, une question explosive

Les matières radioactives, issues du fonctionnement des réacteurs, doivent être traitées, conditionnées, puis stockées en toute sécurité. Les déchets de faible ou moyenne activité sont déjà pris en charge dans des sites en surface. Mais les déchets à haute activité et à vie longue restent une problématique non résolue.

Le projet Cigéo prévoit la construction d’un centre de stockage géologique profond pour ces déchets. Un territoire entre la Meuse et la Haute-Marne va ainsi « accueillir » des déchets hautement radioactifs pendant des centaines de milliers d’années. Une installation contestée, qui a cependant été déclarée d’utilité publique en 2022 par décret du Conseil d’État.

Un fonctionnement qui dépend de la sûreté des installations

La sûreté nucléaire dépend de la supervision de l’ASNR qui contrôle l’ensemble des installations : conception, exploitation quotidienne, démantèlement. Avec le vieillissement du parc français, le programme de prolongation de la durée de vie des centrales au-delà de 40 ans pose question. Le maintien en service des réacteurs exige des travaux lourds, des arrêts prolongés et un contrôle renforcé de la sûreté technique.

Les risques liés à la sécurité des sites

Terrorisme, cyberattaques, intrusions physiques, les centrales doivent être protégées contre les actes de malveillance. Les tensions géopolitiques croissantes ont transformé les risques théoriques en risques réels. Les PSPG (pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie) veillent désormais sur l’ensemble des centrales nucléaires. La cybersécurité fait également partie des défis du nucléaire en France. Les instituts de recherche au sein de CEA Tech renforcent les systèmes de contrôle des installations. La transition numérique les a en effet rendus sensibles aux menaces terroristes.

Sur la scène internationale, le nucléaire français reste l’un des plus performants. L’industrie, mondialement reconnue au travers d’EDF et du CEA, exporte son savoir-faire et ses technologies de réacteurs. Présenté comme un pilier de la stratégie énergétique, le nucléaire promet une production d’électricité décarbonée. Un argument intéressant face à la crise énergétique et aux enjeux climatiques. Mais cela ne suffit pas pour éluder la question des déchets radioactifs et le coût faramineux de la construction des centrales ou de leur démantèlement. Tels sont d’ailleurs les vrais défis du nucléaire en France.

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