Les secteurs d'activité Agroalimentaire
L’industrie agroalimentaire représente une part importante des émissions de gaz à effet de serre. Selon une étude menée en 2018 par des chercheurs anglais, elle représente environ un quart des émissions à l’échelle mondiale. Le respect des engagements pris par la France lors des Accords de Paris ne peut se faire sans décarboner ce secteur industriel.
Conscientes de leur impact sur l’environnement, de nombreuses entreprises du secteur agroalimentaire ont entrepris une démarche RSE (Responsabilité sociétale des Entreprises). Leur objectif ? Devenir des acteurs majeurs du développement durable, et proposer des produits responsables. Objectifs, enjeux, et mis en œuvre : voici pourquoi la RSE dans l’agroalimentaire est une nécessité.
Quels sont les impacts environnementaux et sociaux de l’industrie agroalimentaire ?
En France, l’agroalimentaire est la première industrie. Ses différentes branches génèrent une quantité importante de CO². La qualité des aliments et la manière dont ils sont produits impactent la société et l’environnement.
L’impact environnemental des entreprises agroalimentaires
Les entreprises agroalimentaires possèdent un bilan carbone lourd. De l’agriculture jusqu’à la transformation et à l’emballage des aliments, leur impact environnemental est plus que significatif. Le transport et la commercialisation des denrées contribuent aussi à alourdir les émissions de gaz à effet de serre de ce secteur industriel.
Rien qu’en France, l’industrie agroalimentaire représente 21 % des émissions de CO². Elle génère une quantité importante de déchets, et consomme beaucoup de ressources (eau, électricité…).
L’impact social de l’industrie alimentaire
D’un point de vue social, la production alimentaire est un sujet particulièrement sensible. Les consommateurs sont directement impactés par la qualité des aliments produits par les agriculteurs et les industriels. La généralisation des aliments ultras transformés et des produits dont la qualité nutritive est discutable est devenue un véritable problème de santé publique.
L’industrie agroalimentaire joue aussi un rôle essentiel en matière d’emploi en France. Les salaires, mais aussi les conditions de travail dans ces entreprises constituent de véritables enjeux sociétaux.
Quels sont les enjeux de la filière agroalimentaire face à la transition écologique ?
Le poids économique, écologique et social de l’industrie agroalimentaire est tel que l’atteinte des engagements pris lors de l’Accord de Paris passe nécessairement par une implication importante des entreprises du secteur.
Favoriser une alimentation durable
La transition écologique ne peut aboutir sans un engagement fort de la part des industriels, et plus généralement de l’ensemble des parties prenantes. Les entreprises doivent innover afin de produire mieux.
La qualité nutritionnelle des aliments et la santé des consommateurs sont au cœur des enjeux d’une alimentation durable. Les consommateurs sont de plus en plus vigilants quant au contenu de leur assiette. Ils veulent savoir ce qu’ils mangent, mais aussi comment cela a été produit.
Avoir un impact social positif
Le bien-être animal et la juste rémunération des producteurs sont aussi des critères de décision pour choisir un produit plutôt qu’un autre. Pour rester compétitive, une entreprise doit s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs.
L’agriculture bio engendre de nombreux effets bénéfiques sur l’environnement et sur la santé. Elle limite le recours aux pesticides, et préserve les sols de la pollution chimique. En proposant plus de produits issus de l’agriculture biologique, les entreprises agroalimentaires agissent en faveur du développement durable.
Gagner de nouveaux clients
Les consommateurs ont accès à un grand nombre de données leur permettant de contrôler la qualité de leur alimentation. Les produits sont traçables et les ingrédients sont obligatoirement mentionnés sur l’emballage. Par ailleurs, certains outils comme le Nutriscore ou l’application Yuka sensibilisent les consommateurs sur leurs habitudes alimentaires.
Le choix d’une production durable est aussi un enjeu économique. En améliorant leurs pratiques, les entreprises du secteur agroalimentaire améliorent leur image auprès des consommateurs. Elles peuvent attirer de nouveaux clients et espérer augmenter leur chiffre d’affaires.
Pourquoi la RSE est nécessaire dans l’agroalimentaire ?
La RSE dans l’agroalimentaire est indispensable pour parvenir à lutter efficacement contre le réchauffement climatique. L’influence de ce secteur d’activité est telle que les changements apportés peuvent avoir un impact positif majeur sur la transition écologique.
La démarche RSE permet d’agir en faveur du développement durable, en travaillant autour de trois grands axes :
- la responsabilité environnementale (recyclage, réduction des emballages, et notamment du plastique, recours aux énergies renouvelables…) ;
- la responsabilité sociétale (santé et sécurité alimentaire, conditions de travail, formation, bien-être animal, rémunération des agriculteurs…) ;
- la responsabilité économique (favoriser l’économie circulaire, renforcer le dynamisme économique des territoires, tarification équitable…).
Comment mettre en place une bonne démarche RSE dans le secteur agroalimentaire ?
S’il n’existe pas de méthodes toutes faites, la mise en place d’une stratégie RSE dans l’agroalimentaire doit résulter d’une démarche volontaire. Si la loi impose de respecter certains critères de qualité dans la production alimentaire, ou en matière de conditions de travail, l’engagement RSE implique une volonté affirmée de l’entreprise.
La responsabilité sociétale des entreprises agroalimentaires est aussi le fruit d’une démarche collective. Pour être efficace, la transition agroécologique doit fédérer l’ensemble des parties prenantes, de la PME jusqu’au grand groupe industriel, en passant par la petite exploitation agricole.
Les pouvoirs publics possèdent également un rôle essentiel. Ils doivent fournir aux entreprises un cadre législatif clair et les outils suffisants pour développer et valoriser la démarche RSE des entreprises privées. L’État doit encourager l‘innovation technologique et la recherche scientifique pour améliorer les pratiques de l’industrie agroalimentaire.
Comment intégrer les enjeux du développement durable dans les pratiques professionnelles du secteur agroalimentaire ?
La mise en œuvre d’une stratégie RSE résulte d’une politique globale de l’entreprise. Elle doit concerner chaque service, et ne peut se résumer à de simples actions isolées. Gestion des ressources humaines, choix des partenaires commerciaux, consommation énergétique, chaque pôle doit bénéficier d’un état des lieux précis. Cette évaluation de départ va permettre à l’entreprise de fixer des objectifs mesurables.
Le respect des engagements RSE doit faire l’objet d’une évaluation régulière, afin de réajuster les mesures prises si besoin. Tout au long de la démarche, la communication de l’entreprise doit être totalement transparente, pour les équipes comme pour les consommateurs.
La démarche RSE de l’entreprise repose aussi sur l’implication des collaborateurs de l’entreprise. La formation des salariés sur les enjeux du développement durable est ainsi essentielle pour accompagner la transformation de leurs pratiques professionnelles.
Quels sont les normes et labels RSE dans l’agroalimentaire ?
Afin d’accompagner la transition écologique des entreprises agroalimentaires, les pouvoirs publics ont instauré plusieurs normes et certifications spécifiques à ce secteur d’activité. Certaines initiatives privées contribuent également à promouvoir la RSE dans l’agroalimentaire.
La norme ISO 26030 : un outil de mesure de l’engagement RSE d’une entreprise
Créée en 2019, la norme ISO 26030 a pour objectif d’encourager la démarche RSE dans les entreprises du secteur alimentaire. Cet outil de mesure concerne tous les acteurs de la chaîne alimentaire, et contient une dimension éthique importante. Elle s’organise autour de 7 catégories :
- la gouvernance de l’organisation ;
- les droits de l’Homme ;
- les relations et conditions de travail ;
- l’environnement ;
- la loyauté des pratiques ;
- les questions relatives au consommateur ;
- le développement local.
La norme ISO 26030 permet d’accompagner les entreprises du secteur agroalimentaire dans le déploiement de leur stratégie RSE. Elle vise aussi à mesurer l’efficacité des mesures mises en place dans le cadre de cette stratégie. Les entreprises engagées dans cette démarche peuvent bénéficier du label « Engagé RSE » délivré par l’Afnor.
La certification HVE issue du Grenelle de l’environnement
La certification Haute Valeur Environnementale est le niveau d’exigence le plus élevé en matière de certification environnementale des exploitations agricoles. Elle repose sur un certain nombre d’indicateurs de performance, et impose aux exploitants une obligation de résultat.
La certification HVE a pour objectif d’encourager les exploitants à s’engager dans une démarche de transition agroécologique. Elle promeut des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.
L’obtention de la certification HVE est une démarche volontaire. En France, 9,3 % des exploitations agricoles sont certifiées HVE. Ces entreprises peuvent valoriser leur engagement environnemental et leur démarche RSE en affichant le logo Haute Valeur Environnementale au sein de leur exploitation.
Les labels bios et environnementaux
En parallèle de la réglementation, de nombreux labels environnementaux ont vu le jour. Ils remplissent un double objectif : accompagner les entreprises de l’industrie agroalimentaire dans leur démarche environnementale et sociétale, et promouvoir une alimentation durable auprès des consommateurs.
Parmi les principaux labels, on peut citer :
- le label Rouge (produits de qualité supérieure) ;
- le label AOP (il garantit l’origine des produits, et le respect d’un certain savoir-faire dans le processus de fabrication) ;
- le label AB instauré par le ministère de l’Agriculture (au moins 95 % des ingrédients d’un produit sont issus de l’agriculture bio) ;
- le label européen Eurofeuille (obligatoire pour indiquer aux consommateurs que l’aliment est bio) ;
- le label Ecocert de la Fédération des Entreprises et Entrepreneurs de France (valorise les entreprises engagées dans une démarche RSE).
Le développement de la RSE dans l’agroalimentaire est un levier important de la transition écologique. En réduisant son empreinte carbone, ce secteur d’activité économique de premier plan peut contribuer activement à préserver la santé des consommateurs et l’environnement.