28 novembre 2024
Être végétarien, est-ce vraiment écologique ?
Le végétarisme est souvent perçu comme une démarche écoresponsable pour réduire l’empreinte carbone et préserver les ressources naturelles. Toutefois, cette question reste complexe. Adopter un régime sans viande permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES), l’utilisation des terres agricoles et la consommation d’eau. Mais certains soulignent que la production végétale peut entraîner la déforestation, les monocultures ou l’usage intensif de pesticides. Alors, être végétarien, est-ce vraiment écologique ? Cela dépend du chemin parcouru par les aliments avant d’arriver dans nos assiettes.
L’empreinte écologique de l’élevage et de la consommation de viande
Nous savons que l’élevage animal, en particulier le bœuf, a de multiples conséquences sur l’environnement.
La viande de bœuf, une usine à gaz
La production de viande est l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre. Selon un rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), elle représente environ 14,5 % des émissions mondiales des GES. Ils proviennent essentiellement du méthane et du protoxyde d’azote générés par la digestion et les déjections animales. Ces deux gaz sont beaucoup plus nocifs pour le climat que le CO2.
Une agriculture intensive pour nourrir les animaux
De plus, l’élevage nécessite une exploitation intensive de terres agricoles. Elles sont principalement utilisées pour cultiver des céréales et du soja destinés à nourrir le bétail. En effet, une grande partie du soja utilisé comme alimentation animale provient d’Amérique latine, plus précisément du Brésil et de l’Argentine. Sa culture est l’une des principales causes de la déforestation dans ces régions, notamment en Amazonie. La demande en protéines pour les élevages intensifs entraîne l’expansion des cultures de soja. Ce besoin croissant contribue à la destruction des écosystèmes et à la perte de biodiversité.
Trop d’eau pour être écolo
Les exploitations agricoles ont un impact considérable sur les réserves en eau. En effet, que ce soit pour abreuver le bétail ou arroser les pâturages, la production de viande exacerbe la pression sur les ressources hydriques. Une vache boit entre 50 litres et 100 litres d’eau par jour. Un kilo de viande de bœuf nécessite plus de 15 000 litres d’eau.
L’élevage, source avérée de pollution
Enfin, les élevages industriels génèrent souvent une pollution des sols et des cours d’eau. L’eau est contaminée par les déjections, les engrais et les pesticides. Tous ces impacts environnementaux cumulés posent les dégâts de l’élevage à grande échelle et la nécessité d’une alimentation durable.
L’intérêt écologique d’un régime alimentaire végétarien
Adopter un régime végétarien présente de nombreux avantages par rapport à la consommation de viande.
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre : c’est un fait, les cultures destinées à l’alimentation humaine émettent moins de GES que l’élevage animal.
- Préserver les terres agricoles : les cultures de légumes et de céréales nécessitent moins de surface que l’élevage de bétail, ce qui réduit la déforestation et protège les écosystèmes naturels.
- Consommer moins d’eau : la production de protéines végétales (les légumineuses) demande moins d’eau que l’élevage de bétail. Un avantage considérable dans les régions confrontées à la pénurie.
- Limiter la consommation énergétique : la culture de végétaux requiert moins de machines et de carburant que l’élevage animal. La consommation énergétique devient plus responsable.
- Réduire la pollution : l’adoption d’une alimentation végétarienne à grande échelle fait régresser la pollution des sols et des eaux liée aux effluents agricoles. Les conclusions de l’étude EAT Lancet montrent qu’une adoption généralisée du régime végétarien pourrait réduire de manière significative les émissions de GES et l’utilisation des ressources naturelles.
- Préserver la biodiversité : c’est un effet en chaîne positif. En réduisant la demande pour les produits d’origine animale, le végétarisme limite la conversion des habitats naturels en terrains destinés à l’élevage, ce qui préserve la biodiversité.
Exclure la viande ne suffit pas pour avoir un mode de vie écologique
Dans certains cas, le végétarisme pourrait être préjudiciable à l’environnement.
Le soja, accusé de participer à la déforestation
Quelques végétaux sont associés à des pratiques agricoles intensives. La culture massive du soja est souvent pointée du doigt, car elle contribue significativement à la déforestation en Amazonie. Les faits sont exacts. Cependant, il s’agit là du soja utilisé pour l’alimentation du bétail. Les produits végétariens vendus dans le commerce sont élaborés à partir de soja cultivé de manière durable, comme en France ou dans certains pays européens.
Des fruits et légumes qui font le tour de la planète
Privilégier l’écologie, c’est aussi garder du bon sens. Consommer des produits qui accentuent le bilan carbone à cause du transport ne présente aucun intérêt. Pourtant, les étals sont remplis de fruits et légumes cueillis à l’autre bout de la planète. À nous, consommateurs, de favoriser les agriculteurs locaux, et de tenir compte des saisons. Sans quoi le végétarisme perd son versant écologique.
Une agriculture gourmande en eau
Attention également aux pratiques agricoles non durables ou aux cultures gourmandes en eau. 1 000 litres d’eau pour 1 kilo d’avocats, c’est bien moins que le bœuf, mais tout de même conséquent. Originaire d’Amérique du Sud, l’avocat est désormais cultivé en Espagne. Il faut donc bien lire sa provenance.
La transformation d’un produit végétarien
La fabrication de plats végétariens transformés, comme les substituts de viande, peut également nécessiter une forte consommation d’énergie et de ressources. Globalement, un produit industriel limite toujours le gain environnemental.
Le lait et les œufs au menu d’une alimentation écologique
Qui mange un œuf mange un bœuf ? Consommer des produits laitiers et des œufs pose un dilemme écologique dans le cadre d’un régime végétarien. Ce mode d’alimentation réduit bien la dépendance à la viande. Mais il reste tributaire de pratiques agricoles qui ne sont pas neutres. La production de lait et d’œufs génère des émissions de GES. Une incidence sur le climat, donc, mais inférieure à la production de viande, surtout celle de bœuf.
De plus, l’élevage de vaches laitières et de poules pondeuses nécessite l’utilisation de terres pour produire leur alimentation. Il s’agit le plus souvent de cultures de céréales et de soja. Cette réquisition des terres participe à la déforestation et à la perte de biodiversité, notamment lorsque les cultures sont réalisées dans des zones sensibles ou de manière non durable. L’empreinte en eau des produits laitiers et des œufs est également non négligeable.
Au-delà de ces impacts directs, la demande en produits laitiers et œufs contribue à la poursuite d’une agriculture intensive. Celle-ci utilise engrais et pesticides qui affectent la qualité des sols et des eaux. Ainsi, bien que le régime végétarien soit moins impactant qu’un régime alimentaire riche en viande, manger des produits d’origine animale reste une source de pressions écologiques à ne pas négliger. Pour un régime véritablement écologique, il peut être pertinent de réduire la consommation de ces produits ou de préférer une alternative végétale. Les laits végétaux ou les substituts d’œufs présentent une empreinte environnementale souvent inférieure.
Alternatives au végétarisme : régime flexitarien et véganisme
Le flexitarisme repose sur une approche modérée. Les consommateurs privilégient une alimentation principalement végétale. Ils vont occasionnellement manger de la viande, du poisson, des œufs ou des produits laitiers. Ce régime permet de réduire l’empreinte écologique de l’alimentation sans imposer d’interdictions strictes. En espaçant la consommation des aliments issus d’un élevage, les flexitariens participent à réduire la demande en viande. Ce choix entraîne des conséquences directes et positives sur les émissions de GES, l’utilisation de l’eau et les terres consacrées à l’élevage. Le flexitarisme reste plus facile à adopter par ceux qui souhaitent réduire leur impact environnemental sans abandonner totalement la viande.
Le véganisme, quant à lui, va plus loin en excluant tous les produits d’origine animale. Ses adeptes ne consomment ni viande, ni œufs, ni lait, ni miel. Aucun ingrédient d’origine animale non plus dans les cosmétiques, ni dans les vêtements. En adoptant une alimentation 100 % végétale, le végan contribue à diminuer la pression sur les ressources naturelles et à préserver la biodiversité. Toutefois, deux conditions s’imposent pour conserver les bénéfices écologiques du véganisme : privilégier des produits issus de l’agriculture biologique locale, et éviter les aliments ultra-transformés.
Éthique ou écologique, le choix de vie du végétarisme
L’éthique et l’écologie sont souvent liées lorsqu’il s’agit du régime végétarien. D’un point de vue éthique, le végétarisme est motivé par le respect du bien-être animal et la volonté de diminuer la souffrance causée par l’élevage industriel. Sur le plan écologique, le végétarisme cherche à réduire l’impact environnemental en limitant les GES, l’utilisation des terres et de l’eau, et la déforestation.
Ces considérations éthiques peuvent s’inscrire dans une démarche écologique, car consommer moins de produits d’origine animale diminue les pratiques agricoles intensives aux conséquences négatives sur l’environnement. Par exemple, éviter les produits issus de l’élevage contribue non seulement à préserver les animaux, mais aussi à limiter la dégradation des sols, la pollution des eaux et la perte de biodiversité. Ainsi, les valeurs éthiques soutenant le végétarisme renforcent indirectement les objectifs écologiques.
Cependant, on peut adopter un régime végétarien pour des raisons éthiques sans se soucier spécifiquement de l’impact environnemental. À l’inverse, on peut le faire pour des raisons écologiques sans forcément adhérer aux arguments éthiques. Les deux approches convergent néanmoins dans leur effet global de réduction de l’empreinte carbone.
Être végétarien, est-ce vraiment écologique ? Cela ne fait aucun doute. Il faut cependant y apporter quelques nuances. Ce régime alimentaire contribue indéniablement à la réduction des émissions de GES. Il permet aussi de préserver les ressources naturelles. Mais il n’élimine pas complètement l’impact environnemental lorsqu’il inclut des produits laitiers et des œufs. Ni lorsqu’il repose sur des aliments importés ou très transformés. Comme toujours, à nous d’adopter un comportement raisonné, en accord avec nos valeurs.
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