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Art et écologie ne sont pas si éloignés. Depuis toujours, la nature est une source d’inspiration pour les artistes. Mais à l’heure du réchauffement climatique, la création artistique peut-elle intégrer des considérations écologiques, et même participer au développement durable ? C’est tout l’enjeu de l’art écologique, cette approche pluridisciplinaire de l’art à la frontière entre l’expression artistique, la science et la philosophie.

L’éco-art se définit avant tout comme une pratique artistique engagée. Il parvient à concilier liberté de création et prise de conscience écologique. À travers ce genre nouveau, l’art se responsabilise, et devient un vecteur de sensibilisation du grand public aux enjeux climatiques. Ce genre émergent de l’art contemporain se dévoile sous différentes formes, et permet aux artistes d’exprimer les connexions étroites qui existent entre l’art et l’environnement. Dans ce nouvel article, découvrez comment l’art du XXIᵉ siècle se mobilise pour préserver la planète.

Qu’est-ce que l’art écologique ?

L’art écologique est une notion récente, qui remonte à la fin du XXᵉ siècle. Elle désigne une forme d’expression artistique orientée vers la protection de l’environnement et le développement durable. S’il est parfois confondu avec l’art environnemental, l’éco-art adopte une démarche plus militante. L’art environnemental s’intéresse davantage à la nature comme support de création. Sa raison d’être est purement esthétique. À l’inverse, l’art écologique n’existe que pour diffuser le message qu’il porte.

Cette nouvelle approche de la pratique artistique questionne le rapport entre l’Homme et son environnement. L’art est utilisé comme un moyen de se reconnecter à la nature, pour mieux la préserver. À travers leurs œuvres et leurs pratiques, les artistes cherchent à sensibiliser et à attirer l’attention sur les problèmes environnementaux. La déforestation, la pollution des océans, ou encore l’épuisement des ressources naturelles de la planète font partie des thèmes récurrents de l’art écologique.

Quels sont les principes de l’art écologique ?

L’art écologique repose sur la prise en compte des enjeux du développement durable et des problèmes environnementaux, économiques et sociaux engendrés par la crise climatique. Toutes les expressions artistiques issues de ce courant intègrent certains principes écologiques. Ainsi, concilier art et écologie implique :

  • le respect d’un engagement environnemental fort ;
  • la réhabilitation ou la redynamisation des espaces naturels ;
  • la sensibilisation du public aux enjeux de la crise climatique ;
  • l’éco-création et l’utilisation de matériaux naturels et durables ;
  • la recherche de solutions nouvelles pour résoudre certains problèmes liés au contexte social et environnemental actuel.

La question du greenwashing est une réalité dès qu’il s’agit de parler de l’écologie, et l’art n’échappe pas à cette règle. Pour être considéré comme un artiste écologique, il ne suffit pas de communiquer sur son engagement environnemental, il faut y adhérer pleinement. Le bilan carbone du monde de l’art est souvent méconnu. Il mérite pourtant d’être interrogé. Le coût environnemental d’une exposition temporaire, l’acheminement des œuvres et les ressources consommées pour les préserver sont loin d’être anodins.

À quoi sert l’art écologique ?

La vocation première de l’art écologique est d’amener à une prise de conscience collective des effets de l’activité humaine sur la planète. Les scientifiques alertent depuis plusieurs décennies sur l’épuisement des ressources naturelles, et notamment de l’eau, et sur les conséquences écologiques de nos émissions de carbone. Malgré tout, les études scientifiques peinent à mobiliser. En faisant appel à la sensibilité de son public, l’art a donc un rôle essentiel à jouer. 

À travers ses projets, l’artiste a la possibilité d’informer, d’interpeller ou de provoquer, toujours en suscitant l’émotion chez le spectateur. Les arts plastiques sont un moyen de placer les problèmes environnementaux au cœur du débat. Qu’il s’agisse d’une exposition temporaire, d’une installation in situ, de photos, ou même d’un livre ou d’une chanson, l’œuvre agit comme un élément déclencheur, qui invite à la réflexion. 

Finalement, l’art écologique se caractérise avant tout par son militantisme et sa volonté de changer les choses. Il ne s’agit plus seulement de percevoir la nature comme un objet de représentation, mais de placer l’écologie au centre de la réflexion artistique. Quelle que soit sa forme, l’éco-art doit éveiller les consciences et inciter au changement.

Quelles sont les différentes formes d’art écologique ?

L’art écologique peut prendre plusieurs formes. Sculptures monumentales, œuvres plastiques éphémères, ou supports plus traditionnels, son approche se caractérise surtout par son message militant. De nombreux mouvements artistiques contemporains ont fait de l’écologie leur sujet de prédilection. 

Les différentes supports de l’art green

L’écologie est compatible avec tous les arts plastiques. Ainsi, l’art écologique peut prendre la forme d’une peinture (tableau, fresque murale), d’un dessin, ou d’un projet autour de la photographie. Le caractère conventionnel de ces supports n’est pas forcément un obstacle à la diffusion des grands principes de l’art écologique. Néanmoins, les artistes de ce courant sont plutôt enclins à utiliser des méthodes et matériaux moins traditionnels.

L’art green peut prendre la forme d’une installation temporaire ou d’une sculpture monumentale. Ces œuvres souvent éphémères sont dévoilées lors d’expositions, en intérieur ou en plein air. Elles sont créées dans le but de marquer l’esprit du spectateur. 

Pour manifester son engagement en faveur de l’écologie, l’artiste peut aussi effectuer une performance en direct, filmée ou non. Il peut se mettre en scène dans une chorégraphie ou un spectacle, ou réaliser une œuvre d’art devant un public. Tout l’intérêt de ces performances réside dans leur capacité à capter rapidement l’attention des spectateurs et à les impliquer dans la démarche de l’artiste.

Les principaux courant artistiques de l’art écologique

Le trash art est un courant artistique contemporain qui reprend certains codes de l’art écologique. Il consiste à utiliser des objets considérés comme des déchets pour exposer la pollution environnementale générée par nos habitudes de consommation. À travers ces œuvres, les artistes dénoncent les dérives de la société contemporaine (obsolescence programmée, gaspillage, surconsommation, etc.).

Autre mouvement indissociable de l’art écologique : le land art. Né dans les années 1960, cet art monumental se caractérise par des œuvres souvent éphémères, parfois réalisées in situ. À travers leur démarche et l’emploi de ressources naturelles pour leurs créations, les artistes interrogent notre rapport à l’environnement, à la terre et au vivant. 

Les artistes de street art se sont également emparés du thème de l’écologie. Le street art écologique, ou green street art, s’appuie sur la popularité de l’art urbain pour éveiller les consciences. Enfin, avec l’artivisme, l’art écologique a peut-être trouvé son expression la plus aboutie. Contraction des mots « art » et « activisme », ce mouvement utilise l’art pour inciter le public à agir en faveur de l’écologie et de la préservation de la planète.

Art in Situ : comment l’art s’intègre dans l’environnement ?

L’art in situ est une forme d’expression artistique contemporaine, qui utilise son environnement comme support de création artistique. L’œuvre s’adapte à son lieu d’installation, bâtiment ou paysage naturel. Lorsqu’il travaille dans un espace naturel, l’artiste utilise les ressources naturelles (eau, feuilles, branches, pierre, etc.) pour concevoir une création plasticienne unique et faire de la nature une œuvre à part entière.

Ce mouvement artistique contemporain interroge notre rapport à l’environnement. Exposées au grand air et soumises à l’érosion naturelle, la plupart des œuvres d’art in situ sont vouées à disparaître. Ce caractère éphémère sert la cause écologiste défendue par l’artiste. L’œuvre s’efface peu à peu, et laisse la nature reprendre possession de son environnement. 

Pourquoi l’art écologique est-il important aujourd’hui dans notre société ?

L’art écologique occupe une place importante au cœur des sociétés contemporaines. Par sa dimension philosophique, il invite chaque personne à s’interroger sur son rapport à l’environnement, à la terre et au monde du vivant. En faisant appel à la sensibilité de chacun, il permet aussi de créer une connexion émotionnelle avec la nature. C’est une véritable source de réflexion, qui invite le spectateur à prendre du recul sur sa vie quotidienne. 

En plaçant l’écologie au cœur de ses préoccupations et en dénonçant certains comportements néfastes pour la planète, l’art a le pouvoir de faire changer les choses. Il peut influencer nos habitudes de consommation et nous inciter à agir pour préserver l’environnement. Exposer nos déchets aux yeux de tous est en effet plus percutant que de publier des données chiffrées dans un rapport.

Par ailleurs, l’art écologique est une source de créativité et d’innovation, aussi bien artistique que technologique. Comme dans tout mouvement alternatif, l’eco-art remet en cause les techniques de l’art conventionnel, pour développer de nouvelles pratiques éco-responsables. 

Quelques exemples d’artistes et d’oeuvres emblématiques de l’art écologique

En France, Thierry Boutonnier figure parmi les artistes les plus engagés en faveur de l’écologie. Ce lauréat du prix COAL (Coalition pour une écologie culturelle) en 2010 pratique un art audacieux, porteur d’un message fort. Ses projets collaboratifs et multisupports (photos, vidéos, performances en direct, sculptures, etc.) sont des œuvres militantes, à l’image de Plasticosis. Installée à Andrésy, cette œuvre prend la forme d’un pont de plastique sur la Seine, fabriqué à partir des déchets collectés dans les environs.

Figure du mouvement trash art, l’américaine Angela Haseltine Pozzi est connue pour son engagement écologique en faveur des océans. À travers son projet Washed Ashore, l’artiste plasticienne dénonce la pollution des océans et ses conséquences sur les fonds marins.

L’une des œuvres les plus emblématiques du land art écologique est la Cathédrale Verte de Marinus Boezem. Cette œuvre d’art in situ est installée près d’Almere, aux Pays-Bas en 1987. Cette création artistique utilise des peupliers pour dessiner les contours de la cathédrale de Reims au cœur d’un site naturel. Véritable œuvre monumentale vivante, elle atteint aujourd’hui 150 mètres de long et 30 mètres de hauteur.

Le monde de l’art contemporain s’empare de plus en plus de l’écologie pour en faire l’un de ses thèmes de prédilection. Conscients du pouvoir de l’art sur la société, les artistes du mouvement eco-art s’engagent pour préserver la planète. Ces œuvres militantes trouvent progressivement leur place au sein des expositions culturelles et des festivals d’art. En mai 2023 à Paris, le festival Gravity a notamment mis à l’honneur le mouvement street art écologique.