Les fondamentaux Consommation locale

C’est en 2005 que naît le mouvement locavore aux États-Unis. Lors de la journée mondiale de l’environnement, Jessica Prentice, une cheffe de cuisine et militante écologiste, lance un challenge inédit : consommer uniquement des produits locaux et de saison, cultivés ou fabriqués dans un rayon de 160 km. Ce défi contribue à la diffusion de la consommation locale dans les pays européens.

La pandémie de la COVID-19 semble ancrer définitivement le mouvement dans les habitudes des consommateurs. Désormais, c’est une prise de conscience collective : manger du melon à Noël en France n’est plus envisageable ! La santé et la préservation de l’environnement doivent arbitrer nos choix alimentaires. La consommation locale apporte des réponses concrètes aux enjeux climatiques et sociétaux de nos sociétés.

Qu’est-ce que la consommation locale ?

Manger ou acheter local, c’est acheter et consommer des aliments et des produits qui proviennent d’un rayon de 100 à 250 km autour de chez soi. Le lieu d’origine et de fabrication doit déterminer la pertinence d’un achat. Et pour les produits absents d’une région, les consommateurs doivent privilégier le territoire français (le fameux Made in France) puis les pays européens. C’est souvent le cas pour les vêtements ou les outils.

Ce type de consommation privilégie la distribution en circuits courts ou à défaut les faibles distances de livraison. Les AMAP (associations pour le maintien de l’agriculture paysanne) et les magasins de producteurs locaux symbolisent cette tendance pour les produits alimentaires : fruits, légumes et viande. C’est également l’exemple des marques de textile 1083 et Cocorico qui garantissent une production de vêtements sur le territoire français.

Comment la consommation locale contribue-t-elle à la réduction de l’empreinte écologique ?

L’empreinte écologique, c’est l’impact des activités humaines sur la nature. Consommer local permet de réduire l’effet destructeur d’une économie mondialisée sur l’environnement.

Les circuits courts réduisent les émissions de CO2 dans les pays

Selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), un Français émet 11,5 tonnes de CO2 en moyenne par an en 2019. Et sur ces émissions de gaz à effet de serre, cinq tonnes proviennent de la consommation de produits importés. La consommation locale et le circuit court permettent de réduire l’impact écologique du transport des marchandises. 

Consommer local favorise les modes de production durables

Acheter des produits et des aliments provenant de France garantit un niveau de qualité aux consommateurs. Les marques et les producteurs français sont en effet soumis à des normes de production. Et la France s’est engagée dans l’atteinte des objectifs du développement durable d’ici 2030. Les producteurs s’engagent donc dans une transformation durable de leurs modes de production.

En 2022, 80 % des consommateurs français déclarent acheter en priorité des produits locaux et de saison dans un sondage Ipsos. La consommation locale contribue donc à encourager les entreprises de la distribution à favoriser la vente de produits locaux. Elle participe à la transition écologique de l’économie française.

Quels sont les avantages de la consommation locale ?

Consommer local entraîne des conséquences sur tout le cycle de vie d’un produit : production, livraison, consommation, recyclage. Voici les cinq avantages principaux de ce mode de consommation.

  • Soutien de l’économie du territoire : les consommateurs permettent aux entreprises ou aux producteurs de produits locaux de s’ancrer durablement dans leur région. C’est un échange gagnant-gagnant. Les acteurs locaux paient en effet des impôts qui contribuent au développement local (écoles, établissements de santé, emplois).
  • Respect de l’environnement : acheter des produits locaux réduit l’émission de gaz à effet de serre. Et l’achat local encourage la distribution et la vente de produits durables.
  • Traçabilité des produits : les normes en vigueur en France et la proximité du producteur local rassurent les consommateurs sur l’origine des produits consommés. 
  • Fruits et légumes de saison : la consommation locale favorise une alimentation saine. Les produits de saison sont en effet plus riches en nutriments (vitamines, minéraux, antioxydants). 
  • Produits alimentaires frais : les fruits et légumes consommés ne sont pas soumis au transport sur des longues distances. Ils n’ont pas besoin de conservateurs chimiques pour préserver leur qualité nutritionnelle.

En quoi la consommation locale soutient-elle directement les producteurs ?

Consommer des produits locaux participe à créer une économie durable sur le territoire. Cibler un marché local permet en effet à une entreprise ou à un producteur de mieux communiquer avec les consommateurs. Les liens sont plus faciles et plus forts. Or, la relation client représente un facteur clé de succès dans une économie moderne. Les consommateurs sont à la recherche de cette proximité. L’achat local leur permet d’être rassurés sur l’origine des produits, sur la justification de leur prix et sur l’identité de ceux qui les fabriquent. 

Enfin, le développement local des ventes permet à un producteur d’optimiser le coût de distribution de ses produits. Cette économie de charges contribue à la compétitivité des acteurs locaux. Celle-ci soutient les bons résultats des entreprises locales et favorise la création d’emplois. Selon une étude Ipsos et Bienvenue à la ferme, 28 % des Français souhaitent favoriser l’économie et l’emploi là où ils habitent.

Quel rôle joue la consommation locale dans le contexte global actuel ?

La mondialisation des échanges et la transformation numérique de l’économie contribuent à réduire au minimum les relations entre producteurs et consommateurs. Mais, la pandémie de la COVID-19 a révélé un besoin de cohésion et de communauté.

La consommation locale constitue dès lors une opportunité pour la cohésion sociale d’un territoire. Le consommateur se sent proche du producteur et inversement. Les échanges sont facilités. Une forme de solidarité se crée entre les acteurs locaux. Ensemble, ils contribuent à une économie durable où les producteurs deviennent irremplaçables et non délocalisables. 

L’exemple des AMAP illustre les liens sociaux issus du choix d’une consommation locale. Le client s’engage à commander un panier alimentaire à une fréquence régulière. Cette visibilité permet à une ferme de planifier les quantités de fruits, de légumes ou de viande. Et ce système d’engagement mutuel garantit des revenus réguliers aux producteurs et une alimentation de qualité aux consommateurs.

Comment favoriser la consommation locale ?

Si les Français manifestent leur envie d’acheter des produits locaux, ils ont besoin d’être guidés dans leur choix. En France et dans les pays européens, la création de labels vise à informer les consommateurs sur l’origine et la production des produits en vente. Voici trois labels importants pour acheter local.

  • Le célèbre Label Rouge : attribué par l’Institut de l’origine et de la qualité, il garantit la qualité supérieure d’un produit alimentaire.
  • Le label AOC (Appellation d’origine contrôlée) en France garantit l’origine des produits alimentaires.
  • Le label Origine France Garantie pour les produits manufacturés : il garantit un lieu de production français. Et 50 % au moins de son coût de revient est acquis en France.

Quels sont les principaux obstacles à la consommation locale et comment les surmonter ?

Malgré l’engouement des consommateurs français, la consommation locale rencontre des difficultés évidentes de croissance.

Le prix élevé : un frein à l’achat de produits locaux

Selon Statista, 70 % des Français jugent que les produits locaux sont trop chers en 2023. La concurrence provient de la grande distribution et des produits importés. Le prix reste le principal critère de choix en particulier en période de crise. 

Un reportage de France Info de janvier 2024 précise qu’un panier de produits importés coûte 26,49 euros contre 31,75 euros son équivalent français. 50 % du contenu de notre assiette provient ainsi de l’importation.

Les produits locaux : un choix trop réduit pour les consommateurs

Selon une étude IRI, 51 % des consommateurs français regrettent le manque de choix dans les produits locaux. Le circuit court (marché, vente directe à la ferme) ne répond pas à tous leurs besoins alimentaires. Et les produits français manufacturés non plus ! Ainsi, seuls 5 % des jouets, 3 % des vêtements ou encore 1 % des montres sont fabriqués en France selon la Fédération indépendante du Made in France (Fimif).

En 2023, la part des achats de produits français s’élève à 38 % en France. Chez nos voisins européens, cette part est plus élevée : 52 % en Allemagne et 51 % en Italie par exemple. Et le Made in USA représente 66 % des achats des consommateurs américains.

Comment encourager une consommation responsable ?

Plusieurs leviers peuvent contribuer à une consommation plus responsable :

  • la sensibilisation des consommateurs sur l’impact de leurs achats ;
  • les incitations de l’État à la consommation de produits durables grâce à des mesures fiscales ;
  • le renforcement des réglementations et des contrôles sur la qualité et l’origine des produits importés ;
  • la transparence obligatoire sur les modes de production pour créer la confiance des consommateurs.

La consommation locale représente une réponse à de nombreux enjeux environnementaux, économiques et sociétaux. Mais, son développement nécessite encore certains ajustements en termes de prix et de choix.