Les fondamentaux Les parties prenantes d'une entreprise
Définie pour la première fois en 1984 par Edward Freeman, la notion de partie prenante est un élément clé de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Selon cette théorie, les parties prenantes d’une entreprise regroupent toutes les personnes associées de façon directe ou indirecte à ses activités. Leur identification et la prise en compte de leurs intérêts sont nécessaires pour le développement de l’entreprise. Actionnaires, salariés ou consommateurs, voici tout ce que vous devez savoir sur les parties prenantes d’une entreprise.
Qu’est-ce qu’une partie prenante dans une entreprise ?
Le concept de partie prenante a été développé dans les années 1980 par un philosophe et universitaire américain, Edward Freeman. Selon cette théorie, tous les acteurs qui interagissent de près ou de loin avec une entreprise doivent être pris en compte dans sa stratégie de croissance.
Le nombre et l’identité des parties prenantes diffèrent selon l’activité exercée par la société. Il peut s’agir d’une personne, d’un groupe d’individus ou d’une personne morale (association, ONG, instance publique, etc.). Par ailleurs, chaque partie prenante possède des besoins spécifiques, et défend ses propres intérêts. Plutôt que de se concentrer uniquement sur ses bénéfices, l’entreprise doit trouver le juste équilibre entre ses objectifs et les attentes de toutes ses parties prenantes.
Les parties prenantes sont impactées, plus ou moins directement, par les activités de l’entreprise. Mais elles influencent aussi les décisions de l’entreprise. À ce titre, elles font partie intégrante de la démarche RSE des entreprises.
Quelles sont les parties prenantes internes d’une entreprise ?
L’identification des parties prenantes d’une entreprise est une étape essentielle pour construire une démarche RSE efficace et pertinente. On parle de parties prenantes internes pour désigner les acteurs qui sont impliqués dans le fonctionnement de l’entreprise et qui ont un intérêt direct dans ses activités.
Les dirigeants
Les dirigeants sont les cadres supérieurs qui assurent la gouvernance de l’entreprise au quotidien. Ils font partie des instances de décision (conseil d’administration, direction générale, etc.) et se situent au sommet de la chaîne hiérarchique. Les dirigeants ont un intérêt évident dans l’entreprise : ils s’imprègnent de leurs valeurs, et en perçoivent les bénéfices. En tant que décideurs, ils jouent un rôle essentiel dans la construction d’une stratégie RSE.
Les salariés
Les salariés sont l’une des parties prenantes internes les plus importantes de l’entreprise. Ils constituent une ressource précieuse pour la direction, puisqu’ils contribuent quotidiennement au fonctionnement de la société et à sa réussite. Les salariés ont de nombreux intérêts dans l’entreprise (conditions de travail, rémunération, formation). Ils doivent être pleinement associés à la démarche RSE de l’entreprise.
Les actionnaires
Si les actionnaires ne travaillent pas dans l’entreprise, leur fonction est essentielle pour assurer son développement. Ce sont les propriétaires de la société, dont ils détiennent une fraction du capital. Ils sont associés à certaines prises de décision en matière de stratégie et de gouvernance. Tout comme les salariés et les dirigeants, les actionnaires ont un intérêt direct dans l’entreprise. Ils espèrent maximiser leur investissement financier et générer des profits. La mise en place d’un projet RSE nécessite leur accord.
Les syndicats
Les organisations syndicales font partie intégrante de l’entreprise, et contribuent à son équilibre. Elles veillent à la protection des collaborateurs et à l’amélioration des conditions de travail au sein de la société. À ce titre, il est indispensable d’associer les syndicats à toute démarche RSE.
Quelles sont les parties prenantes externes d’une entreprise ?
Si les parties prenantes internes permettent à l’entreprise de fonctionner, les parties prenantes externes ne sont pas impliquées dans son organisation quotidienne. Pour autant, elles ont une influence sur son développement.
Les fournisseurs
Les fournisseurs sont peut-être les parties prenantes externes les plus impliquées dans l’entreprise. Ils apportent à la société les ressources qui lui permettent de fonctionner (matières premières, équipement, énergie, etc.). Les fournisseurs ont un intérêt économique dans l’entreprise. Leur réussite est étroitement liée à celle de la société cliente. Ces partenaires commerciaux ont besoin d’établir une relation de confiance, solide et durable.
Les clients
Les clients sont les destinataires finaux des produits ou services proposés par l’entreprise. En tant que consommateurs, la prise en compte de leurs attentes est essentielle et ils possèdent un pouvoir important sur l’entreprise. S’ils n’achètent pas, ils peuvent remettre en cause sa viabilité économique. La démarche RSE est donc partiellement centrée sur les besoins des consommateurs, et sur l’obligation de transparence des entreprises envers leurs clients.
Les pouvoirs publics
Les pouvoirs publics désignent les instances administratives qui accompagnent la vie de l’entreprise, à l’échelle locale ou nationale. Ils établissent le cadre réglementaire au sein duquel les entreprises évoluent, et sont de fait impliqués dans leur démarche RSE.
Les associations et les ONG
Les associations et les ONG sont également considérées comme des parties prenantes externes. Elles défendent de nombreuses causes (protection de l’environnement, respect des droits humains, égalité homme/femme, etc.). Par leurs actions et leurs revendications, elles ont le pouvoir d’influencer le cadre réglementaire et les décisions internes à l’entreprise.
Pourquoi les parties prenantes sont-elles essentielles dans la démarche RSE d’une entreprise ?
La démarche RSE est un projet collectif, qui repose sur le dialogue social et la transparence de l’entreprise envers ses parties prenantes. L’implication de tous les acteurs ayant un intérêt dans les activités de la société est nécessaire pour construire un projet cohérent. Si elle émane souvent de la direction, elle ne peut aboutir sans la collaboration des autres parties prenantes internes (salariés, actionnaires et syndicats) et des acteurs externes. Ce travail collaboratif permet d’identifier les enjeux du projet, et d’établir une feuille de route.
La construction d’une démarche RSE est une occasion de faire évoluer certaines pratiques au sein de l’entreprise, et d’innover. Les parties prenantes peuvent proposer des idées novatrices, et ouvrir de nouvelles opportunités commerciales ou de nouveaux partenariats.
En intégrant dès le départ l’ensemble des parties prenantes à sa démarche RSE, l’entreprise s’assure de l’adhésion d’un maximum de personnes à son projet. Les dirigeants doivent se montrer ouverts et accepter les opinions diverses, même lorsqu’elles émanent de parties prenantes en opposition avec certaines activités de l’entreprise. Ce dialogue constructif est un gage de crédibilité, qui sert la réputation de l’entreprise, et un moyen d’anticiper les éventuels points de blocage.
L’importance d’avoir une bonne gestion des parties prenantes
Une gestion efficace des parties prenantes est un travail sur le long terme, qui permet à l’entreprise d’établir une relation de confiance avec les différents partenaires. C’est en construisant des liens solides et étroits avec ses salariés, ses fournisseurs ou ses clients que l’entreprise peut espérer améliorer son impact écologique et social.
Un bon management des parties prenantes est aussi un levier important pour améliorer ou maintenir la réputation de l’entreprise. Un dialogue constructif et sincère permet à la structure de rayonner auprès de ses clients, et peut même devenir un avantage concurrentiel. À l’inverse, une mauvaise gestion peut entraîner l’apparition de conflits, qui, s’ils ne sont pas résolus, auront un impact négatif sur l’image de l’entreprise.
Enfin, les parties prenantes étant un élément clé de la politique RSE de l’entreprise, le projet ne peut aboutir sans un management adapté. Le dialogue social et le respect des salariés font partie intégrante de la responsabilité sociétale d’une entreprise.
Comment construire une démarche RSE en intégrant les parties prenantes ?
L’identification des parties prenantes est la première étape à suivre dans le cadre d’une politique RSE. Chaque acteur ayant un intérêt dans l’entreprise doit être connu dès le départ. Les parties prenantes sont en effet différentes d’une entreprise à une autre. Leur identité dépend de nombreux facteurs (nature des prestations, secteur d’activités, nombre de salariés, type de structure, etc.).
Dans un second temps, ces parties prenantes doivent être classées et hiérarchisées en fonction de leur degré d’influence sur l’entreprise, et des intérêts qu’elles défendent. Loin d’être anodine, cette étape facilite l’organisation des futurs échanges entre les acteurs du projet. À l’issue de ce travail préparatoire, l’entreprise peut s’engager dans l’étape la plus importante : le dialogue.
Une communication constructive est essentielle pour mener à bien un projet RSE. L’entreprise doit pratiquer une écoute active et bienveillante, et communiquer de manière transparente sur ses propres objectifs. Elle doit réussir à gérer les attentes de chaque partie prenante, et trouver le bon équilibre entre les intérêts de l’entreprise et les idées exprimées par ses interlocuteurs. Tout au long du projet, l’entreprise doit assurer un suivi régulier et maintenir une relation étroite avec ses partenaires.
Les outils RSE pour intégrer les parties prenantes
L’intégration des parties prenantes au projet de responsabilité sociétale de l’entreprise nécessite une méthodologie rigoureuse. Les entreprises disposent de plusieurs outils pour faciliter la gestion de ces partenaires. En voici quelques-uns :
- la cartographie des parties prenantes (identifier, classer et hiérarchiser les parties prenantes) ;
- l’organisation de rencontres régulières (réunions, groupes de travail thématiques) ;
- la création d’une matrice de matérialité (analyse des attentes et des enjeux de chaque partie prenante, afin d’identifier les objectifs prioritaires, financiers et extra-financiers, de la RSE 😉
- l’utilisation de logiciels de gestion et de tableaux de bord pour centraliser les données et optimiser le management du projet ;
- la publication de rapports réguliers afin de communiquer en toute transparence sur la progression de la politique RSE de l’entreprise.
Comment instaurer un dialogue constructif avec les parties prenantes ?
Le Comité français pour l’environnement et le développement durable, aussi appelé Comité 21, est une association chargée d’accompagner les entreprises dans leur transition écologique. Ses équipes ont publié un guide des bonnes pratiques, afin d’aider les entreprises à créer un dialogue constructif avec leurs parties prenantes. Il contient 7 grands principes :
- accepter le changement et s’en donner les moyens ;
- prendre en compte les intérêts de toutes les parties prenantes, même lorsqu’ils sont en opposition avec ceux de l’entreprise ;
- faire preuve de pertinence lors de l’identification des parties prenantes et de leurs enjeux ;
- impliquer toutes les parties prenantes, en désignant un facilitateur pour organiser les échanges ;
- respecter les valeurs du dialogue ;
- inscrire le projet dans une stratégie à long terme ;
- assurer un suivi régulier du projet et rendre des comptes.
ISO 26 000 et parties prenantes : l’évaluation RSE
Aujourd’hui le rôle clé des parties prenantes dans la RSE n’est plus à démontrer. Elles ont notamment été intégrées à la norme ISO 26 000, la référence en matière de responsabilité sociétale des entreprises. Cette norme internationale publiée en 2010 fournit un cadre réglementaire à la démarche RSE, en définissant des lignes directrices.
L’intégration des parties prenantes est au cœur de la démarche RSE, comme le confirme la norme ISO 26 000. Elle se retrouve dans chacun des sept thèmes que l’entreprise est amenée à considérer lors de la construction de sa responsabilité sociétale. Ces sept questions centrales sont :
- les droits de l’Homme ;
- les relations et conditions de travail ;
- l’environnement ;
- la contribution au développement local ;
- la protection du consommateur ;
- le respect des bonnes pratiques des affaires ;
- la gouvernance de l’organisation.
Les parties prenantes d’une entreprise jouent un rôle essentiel dans la construction de sa démarche RSE, comme le confirme la norme ISO 26 000. L’identification de ces partenaires et la prise en compte de leurs intérêts sont déterminants pour construire une stratégie efficace en matière de développement durable.