Découvrez la QVT
La qualité de vie au travail n’est plus une simple déclaration d’intention pour les entreprises. Elle devient une nécessité. Que signifie sinon le phénomène de la grande démission depuis 2021 ? Les salariés souhaitent travailler différemment. La pandémie de la COVID-19 a redistribué les cartes. La génération Z place ainsi le bien-être au travail, les échanges et l’ambiance avant l’intérêt du poste et la rémunération dans les critères de choix pour un métier (études de Mazars et OpinionWay, 2023).
La démarche de la qualité de vie au travail représente l’aboutissement d’un long cheminement. C’est l’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) qui porte son développement depuis 2016 et son inscription dans le Code du travail. Désormais la QVT n’est plus une option, mais l’un des leviers de la performance de l’entreprise.
Qu’est-ce que la qualité de vie au travail et pourquoi est-elle essentielle ?
La qualité de vie au travail a longtemps été associée à l’amélioration des conditions de travail des salariés. Aujourd’hui, il est urgent de saisir sa définition pour en comprendre les enjeux.
La QVT : une démarche dynamique dans les entreprises
La QVT, c’est avant tout le cadre d’une nouvelle façon d’envisager la relation tripartite, salariés, entreprise et travail. Ainsi, selon l’Anact, la qualité de vie au travail désigne et regroupe les actions qui permettent de concilier à la fois l’amélioration des conditions de travail pour les salariés et de la santé globale des entreprises. Ces actions ne sont pas figées, mais évolutives.
Dans les faits, la QVT permet une implication de chaque collaborateur et des gains de performance économique. L’engagement des collaborateurs dépend cependant du contenu de leur mission, des opportunités de développement professionnel, de la qualité du management et de l’organisation générale du travail. Pour l’entreprise, il ne s’agit plus d’être compétitive aux yeux des clients, mais aussi auprès de ses salariés.
La qualité de vie au travail : un principe de cohérence entre l’entreprise et ses collaborateurs
L’individu au travail ne représente plus seulement une charge disponible de travail rémunérée. Le Taylorisme cède la place à un nouveau modèle : il ne suffit plus de rémunérer ou de punir pour obtenir l’efficacité au travail d’un collaborateur. Le psychologue américain Herzberg a déconstruit le mythe de la motivation d’un individu au travail. Selon lui, les vrais facteurs de motivation sont internes : trouver du sens à son travail, obtenir de la reconnaissance et du respect, développer ses compétences, etc.
C’est donc un nouveau principe de cohérence qui porte la démarche QVT : chacun doit y trouver son compte. Et c’est aussi l’un des leviers de la coopération entre les différentes parties : salariés, managers et employeur. Le conflit permanent et épuisant disparaît au profit du développement durable de leur relation.
Les enjeux de la mise en place de la QVT
La mise en place de la QVT répond à trois enjeux fondamentaux dans l’environnement économique et social actuel.
- Amélioration du bien-être et de la santé des salariés : des conditions de travail motivantes (outils, environnement), moins de stress et de risques psychosociaux (RPS). Chaque collaborateur se sent épanoui et a envie de développer ses compétences.
- Augmentation de la performance des entreprises : selon Science-Po, les salariés heureux sont 31 % plus productifs et 55 % plus créatifs que leurs homologues insatisfaits.
- Optimisation de l’engagement au travail des collaborateurs : un collaborateur motivé est moins absent et ne souhaite pas quitter son employeur. Pour l’entreprise, c’est donc une source d’économie importante.
Quels sont les facteurs clés qui contribuent à la QVT ?
L’accord national interprofessionnel (ANI) sur la qualité de vie au travail énonce les facteurs clés de son développement. Ils peuvent se regrouper autour de six thématiques principales.
Le contenu du travail réalisé par le collaborateur
Les penseurs du management actuel et les psychologues soulignent l’importance donnée au sens du travail. Les salariés aiment comprendre les enjeux des tâches effectuées et mesurer leur valeur ajoutée dans l’environnement de l’entreprise.
La santé au travail pour tous les salariés
La santé au travail, c’est une obligation légale de l’employeur. Ce que désirent les salariés, c’est la prise en compte volontaire et non imposée des conditions de travail par leur employeur.
Les compétences et le parcours professionnel
Désormais, la formation représente un moyen privilégié pour le développement des compétences d’un collaborateur. C’est une source de reconnaissance et donc de motivation. La formation permet à chacun de se construire un parcours professionnel personnalisé.
L’égalité professionnelle entre les salariés
L’inclusion doit enfin devenir une norme effective. Elle participe à l’attractivité d’une entreprise dans les campagnes de recrutement. Aux yeux des salariés, l’égalité doit être une évidence au-delà des obligations légales.
Le management et l’engagement des équipes
Le management cristallise les attentes des salariés. Il est responsable de l’organisation du travail. Un collaborateur ou une équipe doit pouvoir agir pour améliorer son travail. Les employés souhaitent en particulier concilier vie professionnelle et vie privée.
Les relations au travail et le climat social
L’ambiance de travail est au cœur des préoccupations des salariés. Ceux-ci souhaitent s’exprimer librement entre professionnels. Un dialogue social constructif et une reconnaissance au quotidien stimulent leur engagement.
Quel est l’impact de la qualité de vie au travail sur la productivité des employés ?
Pour l’Anact, la QVT combine bien-être au travail des collaborateurs et performance de l’entreprise. Cette démarche représente donc un investissement rentable pour chaque employeur.
- Selon le cabinet Ayming en 2018, 42 % des absences au travail sont liées à une mauvaise qualité de vie au travail et à l’insatisfaction des travailleurs.
- 60 % des collaborateurs des entreprises se sentent plus motivés quand l’employeur prend en compte le bien-être physique et mental dans leur entreprise (fondation Mind, 2013).
- Au Royaume-Uni, une étude de l’université de Warwick (2014) révèle que la QVT augmente de 12 % la productivité des collaborateurs des entreprises : moins de stress, meilleure concentration et augmentation de la vitesse d’exécution.
Quelles sont les initiatives efficaces pour améliorer la qualité de vie au travail ?
Il existe de nombreuses initiatives pour développer la QVT au sein des entreprises. Voici deux axes reconnus pour leur pertinence.
QVTC : développement concret de l’amélioration des conditions de travail
La QVT, c’est plus qu’une bonne ambiance au travail. C’est une démarche concrète d’amélioration des conditions de travail. Pour renforcer cette dimension, le terme QVT se transforme en QVTC (qualité de vie et des conditions de travail) dans le Code du travail en 2022.
Développer la prévention des risques psychosociaux au travail
Depuis sept ans, Enedis a mis en place une politique volontariste de prévention de la violence et des agressions contre ses agents. Cette démarche s’est enclenchée suite à un diagnostic des RPS au sein de l’entreprise. Elle comprend une formation spécifique et une nouvelle organisation des interventions des collaborateurs, en particulier en zones urbaines sensibles.
Comment atteindre un équilibre optimal entre vie professionnelle et personnelle ?
L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle repose sur la maîtrise de trois facteurs.
- Le droit à la déconnexion : inscrit dans la loi Travail de 2016, il vise à préserver la santé mentale des collaborateurs et leur temps de repos.
- L’organisation du travail : la prise en compte des distances domicile-entreprise doit permettre de mieux répartir les horaires de travail ou de faciliter le télétravail.
- La consultation et l’implication des collaborateurs dans la QVTC : définition en équipe des plannings de travail et de vacances.
Comment évaluer la qualité de vie au travail ?
Il n’existe pas de mesure officielle de la QVT ou de la QVTC. L’Anact propose la réalisation régulière d’un diagnostic autour de six indicateurs :
- relations sociales et de travail ;
- contenu de travail ;
- environnement physique de travail ;
- organisation du travail ;
- réalisation et développement professionnel ;
- conciliation entre travail et vie privée.
Le diagnostic peut se réaliser grâce à un questionnaire ou à des entretiens individuels. Puis, il s’agit de le compléter par les indicateurs sociaux pertinents : absentéisme, taux de rotation du personnel, taux d’accidents du travail, etc. Il existe également des indicateurs externes comme le classement Great Place To Work organisé chaque année.
Quels sont les outils et méthodes pour conduire une bonne qualité de vie au travail ?
L’efficacité de la QVTC repose sur une démarche structurée. Elle implique toute l’entreprise et tous ses établissements : managers et équipes. En premier lieu, il s’agit de nommer un pilote de la qualité de vie au travail. Il peut s’entourer d’une équipe référente. Dans un second temps, la démarche s’appuie sur un diagnostic de départ qui permet de mieux cadrer les priorités.
Un plan d’action est élaboré grâce à l’implication des collaborateurs et des managers. Sa communication concrétise alors le déclenchement de sa mise en place dans l’entreprise. Enfin, la mesure des actions réalisées permet d’ajuster ou d’itérer le plan initial.
La qualité de vie au travail représente un formidable enjeu pour l’entreprise. La réussite de ses actions garantit l’amélioration de sa performance globale. C’est une démarche gagnant-gagnant.