Les secteurs d'activité Agriculture
La démarche RSE dans l’agriculture relève d’une implication croissante des entreprises agricoles dans la transition écologique. Chefs d’entreprise à part entière, les agriculteurs ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Peu à peu, les pratiques agricoles évoluent afin d’intégrer les principes du développement durable aux méthodes de production alimentaire.
Agriculture biologique, bien-être animal, qualité alimentaire ou viabilité économique, les enjeux de la RSE agricole sont nombreux. Voici comment envisager la transition agro-écologique et le développement d’une agriculture éthique et durable.
Quels sont les trois axes de la démarche RSE dans l’agriculture ?
La responsabilité sociétale des entreprises agricoles (RSE) s’organise autour des trois grands axes de toute démarche RSE. Elle se traduit par des engagements écologiques, économiques et sociétaux.
Le pilier écologique de la RSE agricole
L’écologie est au cœur de la politique RSE des entreprises agricoles. L’élevage, notamment bovin, émet une quantité importante de gaz à effet de serre. Plus généralement, l’agriculture consomme beaucoup de ressources naturelles. Mais elle a aussi un impact bénéfique sur l’environnement, puisqu’elle joue un rôle important dans le stockage de carbone.
Afin de préserver le climat, les exploitations doivent évoluer vers un modèle plus durable. Choisir des cultures qui consomment peu d’eau, pratiquer l’élevage de façon raisonnée et opter pour l’agriculture biologique font partie des engagements incontournables d’une RSE agricole orientée développement durable.
Le pilier économique de la RSE des agriculteurs
La transition écologique ne s’effectue pas au détriment de la performance économique de l’entreprise. La mise en place d’une politique RSE peut même fonctionner comme un levier de croissance. Face à la flambée des coûts de production et à la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, de nombreuses exploitations agricoles sont en difficulté. Les agriculteurs engagés dans une démarche RSE favorisent la pérennité de leur exploitation, en la rendant plus résiliente face aux enjeux climatiques, économiques et sociaux actuels.
La transition agro-écologique nécessite des investissements financiers importants, mais elle assure une meilleure rémunération des exploitants agricoles. Cet engagement se traduit par un dialogue transparent avec les fournisseurs, les industriels, la grande distribution et les pouvoirs publics.
Le pilier sociétal de la démarche RSE dans l’agriculture
Le volet sociétal de la RSE dans l’agriculture est tout aussi important que les volets économique et écologique. La rémunération des agriculteurs, mais aussi leurs conditions de travail et la précarité des emplois saisonniers sont autant de défis à relever pour les entreprises du secteur agricole.
L’agriculture joue un rôle fondamental dans la qualité de notre alimentation. Réduire l’utilisation de pesticides et promouvoir une agriculture plus verte contribue à améliorer la santé des consommateurs.
Par ailleurs, la question du bien-être animal et d’une pratique plus éthique de l’élevage fait partie intégrante de la politique RSE des entreprises agricoles. Les consommateurs sont de plus en plus vigilants et privilégient des aliments responsables, qui limitent la souffrance animale.
Quel est l’impact de l’agriculture sur l’environnement ?
La pratique de l’agriculture a un impact réel sur l’environnement. En France, l’agriculture est la deuxième activité économique la plus émettrice de gaz à effet de serre. À lui seul, l’élevage est responsable d’environ 68 % des émissions de méthane.
Quant à la culture des terres agricoles, elle se révèle particulièrement nocive pour l’environnement lorsqu’elle implique l’utilisation de pesticides. En protégeant les cultures, certains produits phytosanitaires détruisent la faune et la flore. Les insecticides comme le chlordécone ou le lindane polluent les sols, l’air, et contaminent l’eau potable.
Quels sont les enjeux RSE dans l’agriculture ?
Les enjeux de la transition agro-écologique sont nombreux. La RSE dans l’agriculture s’inscrit dans une démarche de gouvernance, associant l’ensemble des parties prenantes de la chaîne de production alimentaire. Il s’agit d’une stratégie globale, qui doit répondre aux défis écologiques, sociétaux et économiques du monde agricole.
L’agriculture de demain doit être capable de produire des aliments de bonne qualité, respectueux de l’environnement et de la santé des consommateurs. Elle doit aussi garantir la juste rémunération des agriculteurs. Cela implique une parfaite maîtrise des coûts de production et le développement d’entreprises responsables, à l’image des coopératives agricoles et des exploitations biologiques.
La RSE dans l’agriculture est-elle réellement appliquée ?
Malgré la mise en place de plans de filières en France, l’évaluation de la démarche RSE dans l’agriculture est complexe. Ce secteur regroupe un grand nombre de petites et moyennes entreprises. Et si les pouvoirs publics communiquent de plus en plus sur la responsabilité sociétale des entreprises, ce concept n’est pas toujours connu des exploitants.
En termes de moyens, l’organisation et le pilotage d’une politique RSE sont plus accessibles pour un grand groupe industriel que pour une petite exploitation indépendante. Pour autant, de plus en plus de gérants d’entreprises agricoles s’impliquent dans la transition écologique, et développent une véritable stratégie RSE.
Les efforts des exploitations agricoles ont déjà permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture. Mais selon un rapport de la Food and Agriculture Organization (FAO), les émissions de méthane auront augmenté de 60 % d’ici 2030, si ces entreprises n’améliorent pas leurs pratiques. La RSE agricole doit donc mobiliser davantage, et se réinventer.
Quelles sont la réglementation et les normes existantes ?
Ces dix dernières années, les pouvoirs publics ont instauré de nouvelles réglementations en faveur de la transition agro-écologique et du développement durable. Parmi les textes majeurs, la loi d’Avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt de 2014 a introduit le concept d’agro-écologie dans le code rural. Elle favorise le recours à une agriculture responsable et respectueuse de la société et de l’environnement.
Promulguée en 2018 à l’issue des États généraux de l’alimentation, la loi Egalim a renforcé les liens entre agriculture et alimentation durable. Elle poursuit différents objectifs :
- garantir un juste niveau de rémunération pour chaque agriculteur ;
- renforcer la qualité sanitaire, environnementale et nutritionnelle de notre alimentation ;
- améliorer le bien-être animal ;
- favoriser une alimentation plus durable ;
- réduire l’utilisation du plastique dans le secteur alimentaire (agriculture et industrie agroalimentaire).
Comment aller vers une agriculture durable ?
La durabilité de l’agriculture est une réalité, mais elle implique d’effectuer certains changements. Les parties prenantes doivent travailler conjointement afin de favoriser le recours à des méthodes de production plus écologiques.
En 2022, plus de 60 000 exploitations agricoles françaises pratiquent l’agriculture biologique, soit une progression de 3,5 % en un an. Les bienfaits de la bio sur l’environnement et sur la santé ne sont plus à démontrer. Ces produits alimentaires sont largement plébiscités par les consommateurs. Une partie de ces produits provient cependant de l’importation. La transformation des exploitations traditionnelles en fermes biologiques doit s’intensifier, afin d’accélérer la transition agro-écologique et de répondre aux attentes des ménages.
Comme dans toute démarche RSE, les consommateurs ont besoin d’être associés à la transition agro-écologique. Les entreprises agricoles et les pouvoirs publics doivent sensibiliser les Français à l’impact écologique, économique et sanitaire de leur alimentation.
Quels labels éco-responsables existent dans l’agriculture durable ?
Il existe de nombreux labels éco-responsables, mais tous n’ont pas la même valeur. Il faut différencier les labels certifiés, faisant l’objet d’un contrôle par un organisme indépendant, des labels privés autoproclamés. Pour la seule agriculture biologique, il existe plusieurs labels, dont deux présentent un niveau d’exigence particulièrement élevé. Il s’agit du label français AB (Agriculture Biologique), et du label européen Écofeuille.
D’autres labels et certifications valorisent les aliments durables, présentant une bonne qualité sanitaire, nutritionnelle et environnementale. En voici quelques-uns :
- le Label Rouge, attribué à des produits alimentaires de qualité supérieure, selon un cahier des charges strict (plus de 400 critères d’évaluation) ;
- L’AOP (Appellation d’Origine Protégée) et l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), qui valorisent les produits du terroir ;
- la Certification de conformité, qui porte sur le respect de critères de production spécifiques (par exemple, la viande d’élevage nourrie avec au moins 70 % de céréales).
Comment concilier revenus justes des producteurs et développement durable ?
La rémunération des agriculteurs est l’un des principaux défis de la transition agro-écologique et de la politique RSE dans l’agriculture. La multiplication des intermédiaires et la concurrence des aliments importés ont provoqué une baisse des revenus des exploitants et des ouvriers agricoles.
La baisse des prix dans les enseignes alimentaires est un enjeu politique et social. Mais elle se répercute presque automatiquement sur les entreprises agricoles. Les industriels du secteur agroalimentaire et la grande distribution ont un rôle essentiel à jouer dans la juste rémunération des exploitants agricoles. Ils doivent s’engager dans une politique d’achat responsable et éthique. La signature de contrats pluriannuels entre le producteur et le distributeur améliorent la visibilité de l’exploitation agricole sur ses revenus, et réduit la précarité des agriculteurs.
Pour garantir une rémunération équitable au sein de chaque exploitation agricole, les entreprises doivent aussi limiter le nombre d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur. La vente en direct et la consommation de produits locaux sont notamment à encourager.
Quels sont les objectifs RSE de l’agriculture pour le futur ?
Une stratégie RSE se construit sur le long terme. Elle résulte d’une évaluation minutieuse des pratiques de l’entreprise, et de leur impact sur la société et l’environnement. Dans les prochaines années, le monde agricole doit se réinventer, pour répondre aux nombreux défis climatiques, sociaux et économiques auxquels il va se confronter. Dans ce contexte, le développement des coopératives agricoles est amené à s’intensifier.
Au-delà des enjeux climatiques, l’alimentation impacte directement notre santé, et les études scientifiques sont de plus en plus nombreuses à alerter les consommateurs sur la dangerosité de certaines substances utilisées dans l’agriculture traditionnelle. Plus que jamais, le consommateur doit devenir pleinement acteur de la transition agro-écologique, afin que ses attentes soient mieux prises en compte.
Du côté des pouvoirs publics, la France doit investir massivement pour soutenir les agriculteurs, et leur apporter les moyens nécessaires à la transformation de leur exploitation en entreprise responsable et durable.
Comment l’agriculture peut-elle améliorer sa RSE ?
L’amélioration de la démarche RSE dans l’agriculture passe par une mobilisation active de l’ensemble des parties prenantes. En favorisant le déploiement de la RSE auprès des industriels de l’agroalimentaire et de la grande distribution, l’État crée un cercle vertueux. La performance individuelle de chaque entreprise est bénéfique pour l’ensemble de la chaîne de valeur.
Par ailleurs, chaque entreprise agricole doit avoir les moyens de se former aux enjeux du développement durable. Les petites exploitations ont besoin de formation de sensibilisation aux bienfaits économiques, sociétaux et environnementaux de la RSE. Les chambres d’agriculture sont des organisations clés pour accompagner chaque exploitation agricole vers une démarche RSE.
L’agriculture biologique occupe une place importante dans la transition agro-écologique. Elle est au cœur du Pacte Vert pour l’Europe, qui prévoit 25 % de surfaces cultivées en agriculture biologique d’ici 2030. Elle représente l’avenir du volet environnemental de la RSE agricole.
Face à la diversité des activités issues de l’agriculture, il n’existe pas de méthode universelle pour engager une démarche RSE agricole. Chaque entreprise ou agriculteur doit construire sa propre responsabilité sociétale, en s’appuyant sur la chambre d’agriculture locale. Une fois en place, la stratégie RSE doit faire l’objet d’une évaluation régulière, afin de mesurer son efficacité et d’adapter les mesures instaurées au sein de l’entreprise.