Les fondamentaux Low tech

Contrepied de l’innovation technologique et de la high tech, le concept de low tech privilégie une production raisonnable et une consommation réfléchie. Qu’il s’agisse de services, d’objets, de pratiques ou de techniques, cette démarche écologique prône un retour à la simplicité, dans le respect des ressources. La low tech s’impose comme un virage nécessaire face au développement du numérique et des technologies toujours plus poussées. Quels sont ses fondements et ses avantages ? Peut-on l’intégrer à notre vie quotidienne et notre société moderne ? Avis de tempête sur la planète, il est temps de nous jeter à low.

Qu’est-ce que la low tech ?

La low tech (basse technologie en français), en opposition à high tech, se concentre sur une technologie simple, accessible et durable. Elle s’inscrit dans une approche d’innovation dite « frugale ». Son objectif ? Satisfaire nos besoins essentiels grâce à des solutions techniques efficaces et écologiques. Contrairement aux technologies de pointe complexes, axées sur l’innovation, la low tech privilégie les produits dont le cycle de vie est conçu pour réduire l’empreinte environnementale.

Le terme low tech a été popularisé par Philippe Bihouix, ingénieur français qui plaide un retour à des technologies plus modestes. Il souligne l’importance de repenser notre consommation pour préserver les ressources de la planète. Selon lui, la basse technologie est une réponse aux enjeux écologique, économique et social du XXIe siècle. Plutôt que de chercher des solutions technologiques toujours plus sophistiquées, la démarche low tech encourage l’utilisation de technologies souvent inspirées de techniques anciennes. Que du bon sens, en somme.

Les principes fondamentaux de la low tech

Le Low-Tech Lab résume le concept de la basse technologie en trois principes : utile, accessible, durable.

  1. L’utilité : les technologies low tech sont simples, à la fois dans leur conception et leur utilisation. Elles ne créent pas de besoin mais y répondent, et s’appliquent à différents domaines de la vie quotidienne. Habitat, santé, agriculture, services, la low tech peut se déployer dans de nombreux secteurs.
  2. La durabilité : la low tech économise les ressources, que ce soit en termes d’énergie, d’eau ou de matériaux. Elle évite l’obsolescence programmée, un problème récurrent dans les produits high tech. Le développement durable reste au cœur de la démarche. Les technologies sont conçues pour durer longtemps et cherchent à favoriser la résilience de la société. 
  3. L’accessibilité : la low tech doit être accessible à tous, indépendamment du niveau des ressources financières ou de l’emplacement géographique. Cela signifie que les solutions doivent être faciles à fabriquer ou à réparer localement, même dans les régions éloignées ou en développement.

 

Exemples de solutions low tech au quotidien

Les solutions basse technologie peuvent être intégrées dans de nombreux aspects de la vie quotidienne.

L’habitat écologique pour construire le monde de demain

Dans l’habitat, la low tech privilégie des techniques de construction qui utilisent des matériaux locaux et naturels : la terre, le bois ou la paille. Des principes ancestraux pour une maison écologique, bien isolée et économe en énergie. Maison passive ou positive, bâtiment basse consommation, tiny house, ces types d’habitations permettent de réduire l’impact environnemental.

Chauffer sa maison en réduisant la consommation d’énergie

Les poêles de masse, par exemple, constituent une solution low tech pour le chauffage domestique. Ces poêles, construits avec des matériaux simples, permettent de chauffer une maison de manière efficace tout en consommant peu de bois. Les systèmes solaires passifs, qui utilisent la conception architecturale pour maximiser l’apport de soleil, réduisent la dépendance aux énergies fossiles. Quant au slow heat, il propose de réchauffer la personne plutôt que la pièce entière : gros pull, bouillotte ou même un panneau radiant suffisent à modifier le ressenti.

L’agriculture durable : nourrir tout le monde au lieu de détruire la planète

Les solutions low tech agricoles incluent des techniques comme la permaculture, qui imite les écosystèmes naturels. Mais aussi l’utilisation de tractions animales plutôt que de machines agricoles énergivores, qui éradiquent toute forme de vie à la surface de la terre. Ou encore la mise en place d’une irrigation gravitaire.

Pas besoin d’innovations pour faire le stock de produits alimentaires

Séchage au soleil ou fermentation sont des méthodes naturelles de transformation et de conservation des aliments. Assurément low tech, ces pratiques permettent de réduire le gaspillage alimentaire et d’assurer une alimentation saine.

De l’eau disponible pour la terre et l’habitat

La récupération de l’eau de pluie permet de la réutiliser pour l’irrigation ou pour un usage domestique. Une filtration simple peut même rendre cette eau potable, réduisant ainsi la dépendance aux infrastructures centralisées.

Le smartphone low tech jette un pavé dans le numérique

La startup néerlandaise Fairphone mise sur des matériaux labellisés et des smartphones aux éléments facilement remplaçables. Une fabrication durable, qui optimise le cycle de vie des produits. La société s’attache également à améliorer les conditions de travail.

Les avantages de la low tech

Adopter des technologies low tech présente de nombreux avantages, tant au niveau individuel que collectif.

  1. La réduction de l’impact écologique : les technologies low tech consomment moins de ressources naturelles et d’énergie que les technologies high tech. Cela se traduit par une empreinte carbone plus faible et une réduction des déchets. Les solutions basse technologie offrent une alternative aux technologies coûteuses et polluantes.
  2. Une meilleure autonomie : en utilisant des techniques simples et des produits réparables, les communautés ne dépendent plus de l’industrie pour les réparations ou le remplacement. Le concept de low tech se révèle particulièrement important dans les régions isolées ou en développement.
  3. Un coût de fabrication abordable : les solutions basse technologie sont moins coûteuses à produire que les technologies high tech. Elles deviennent plus accessibles, même avec de faibles ressources financières.
  4. La résilience face aux crises : dans un monde régulièrement malmené (crise sociale et économique, crise écologique), la low tech offre des solutions à mettre en œuvre rapidement. En cas de pénurie d’énergie ou de pollution, le chauffage au bois ou les filtres à eau par gravité peuvent assurer la survie des populations.
  5. Une définition de la solidarité et du partage : proche de l’homme et de la planète, la démarche low tech favorise les pratiques collaboratives. On y privilégie le partage des ressources et des connaissances. Les technologies sont souvent développées de manière open source. Chacun peut contribuer à leur amélioration et partager son travail avec les autres.

 

Comment intégrer la low tech dans notre société moderne ?

Pour que la basse technologie trouve sa place dans la société, il est essentiel de sensibiliser chacun à l’importance de cette démarche. La formation peut jouer un rôle clé. Il ne s’agit pas simplement de donner une définition de la low tech, mais bien de proposer des pistes de travail grâce aux pratiques déjà établies.

Les collectivités peuvent encourager le recours à la low tech en soutenant les initiatives locales, comme les low tech lab ou les fermes permacoles. Ces projets servent de modèles et de laboratoires vivants pour tester et développer des solutions low tech.

Les politiques publiques doivent également favoriser le développement des technologies low tech. Elles peuvent prévoir des subventions pour les projets de construction écologique ou des incitations fiscales pour les entreprises qui s’engagent dans des pratiques low tech. Dans le cadre de la loi anti-gaspillage par exemple, l’adoption de l’indice de réparabilité encourage la réparation plutôt que le remplacement des produits.

Par ailleurs, les entreprises ont un rôle essentiel à jouer dans la promotion de la low tech en :

  • développant des produits durables et réparables ;
  • adoptant des pratiques de production plus respectueuses de l’environnement ;
  • sensibilisant leurs clients aux technologies low tech.

Enfin, si parfois le mieux est l’ennemi du bien, la démarche low tech ne se veut pas technophobe. Soutenir la recherche permet des innovations utiles qui demandent peu de moyens.

La low tech représente bien plus qu’une simple tendance écologique. Elle incarne une philosophie de vie et un engagement envers un avenir durable. L’adoption de la low tech nécessite un changement de mentalité et une transformation de nos pratiques quotidiennes. Grâce à des technologies simples, nous pouvons réellement réduire notre empreinte environnementale tout en renforçant la résilience de la société. Dans un monde en quête de sens, les solutions basse technologie ouvrent la voie vers une consommation plus responsable.

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