Les fondamentaux Agriculture Urbaine
En France et dans le monde, l’agriculture urbaine reconnecte la ville à la nature. Cette agriculture protéiforme inclut les jardins collectifs, les fermes urbaines ou les espaces interstitiels urbains. Le circuit court alimentaire est l’un des avantages de ce type d’agriculture. Toutefois, son développement se heurte à des problématiques d’espace dans la ville. Elle doit aussi tenir compte des pollutions urbaines. En France ou au Québec, des projets inspirants ont fleuri. De plus en plus d’acteurs reconnaissent les effets vertueux de l’agriculture urbaine sur le développement durable.
Quelle est la définition de l’agriculture urbaine ?
L’agriculture urbaine englobe les pratiques agricoles (production agricole, élevage) se déroulant au cœur des villes et à la périphérie des villes. Cette agriculture est en lien direct avec le milieu urbain. Elle peut occuper les sols, mais aussi des espaces comme des jardins communautaires ou les toits des bâtiments.
L’agriculture urbaine possède trois caractéristiques particulières.
- Sa localisation : l’agriculture urbaine se pratique en milieu urbain ou périurbain. Elle est soumise à des contraintes comme les règles d’urbanisme ou encore les pollutions des sols et de l’air.
- Ses échanges avec son milieu urbain : l’agriculture urbaine fournit des produits alimentaires ou des services aux habitants de la ville qui abrite ses activités ou aux villes qui l’entourent. La proximité est son credo.
- Ses productions : les productions de l’agriculture urbaine peuvent être alimentaires (fruits, légumes, élevage) ou ne pas l’être (fleurs). Il peut simplement s’agir d’un espace propice au développement de la biodiversité en ville.
Pourquoi pratiquer l’agriculture urbaine ?
Vertueuse, la pratique de l’agriculture urbaine revêt de nombreux avantages alimentaires, écologiques, mais aussi sociaux.
Une production alimentaire en circuit court en ville
L’agriculture urbaine se fonde sur une production alimentaire en circuit court. Une fois récoltés, les fruits et légumes rejoignent les marchés des quartiers à proximité. Ils sont aussi vendus directement aux habitants. Ces citadins bénéficient d’une alimentation saine entraînant une meilleure qualité de vie.
Des projets agricoles de proximité bons pour la nature en ville
D’un point de vue écologique, l’agriculture urbaine mise sur la proximité. Les impératifs liés au transport et au stockage des denrées alimentaires sont réduits. Cela entraîne une diminution des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, ce type d’agriculture favorise le développement de la biodiversité en milieu urbain.
Un rôle alimentaire, mais aussi social dans la vie des citadins
L’agriculture urbaine joue un rôle social. Elle crée des emplois sur le territoire local. Elle permet de tisser des liens entre les habitants de la ville et le monde agricole. Des espaces comme les jardins partagés rapprochent les habitants des quartiers. L’agriculture urbaine embellit le cadre de vie des citadins. Elle les sensibilise à la protection de l’environnement et aux enjeux alimentaires.
Quelles sont les différentes formes d’agriculture urbaine ?
L’agriculture urbaine est protéiforme. Elle occupe différents espaces dans la ville. Ses méthodes de production varient selon les projets portés par les différents acteurs du territoire.
Des jardins collectifs aux fermes urbaines, des formes d’agriculture urbaine éclectiques
Il n’existe pas qu’une seule forme d’agriculture urbaine. On pourrait même parler d’agricultures urbaines au pluriel, car les pratiques en ville sont diverses.
Les espaces interstitiels : des productions agricoles sur l’ensemble du territoire urbain
En ville, les espaces interstitiels se nichent un peu partout. Ils occupent de petites surfaces publiques ou privées en milieu urbain. Ce sont les plantes ou les arbres fruitiers présents dans les parcs, les squares, le long des trottoirs ou sur les balcons d’immeubles. Dans l’espace public, cette production appartient à tout le monde.
Les jardins partagés : un espace où les habitants des quartiers tissent des liens
Dans les quartiers, les jardins partagés sont souvent gérés par un groupe d’habitants réunis en association. Les parcelles cultivées sont individuelles ou collectives. Les terrains de ces jardins peuvent être publics ou privés. Qu’ils soient disposés sur une place, des toits ou des parcs, ces espaces agricoles en ville produisent des fruits, des légumes, des plantes aromatiques. Leur production est très variable.
Les fermes urbaines participatives : des espaces de production et de sensibilisation à la nature
Les fermes urbaines participatives, souvent associatives, produisent et vendent des produits alimentaires. En parallèle, elles pratiquent d’autres activités. Les acteurs de ces espaces agricoles proposent des ateliers en lien avec la nature. Ces fermes urbaines informent les habitants des villes sur les bonnes pratiques agricoles.
Les fermes urbaines spécialisées : des espaces axés sur les productions agricoles
Les fermes urbaines spécialisées se concentrent sur les productions agricoles en ville. Ces exploitations hors sol occupent peu de foncier urbain. La ferme urbaine peut s’installer dans un espace vertical, dans des serres sur les toitures ou dans des bâtiments urbains.
Sols, hydroponie, bacs : des formes de production adaptées aux espaces en ville
L’agriculture urbaine adapte ses formes de production aux espaces qu’elle occupe en ville. Espaces intérieurs, espaces extérieurs, cultures hors sol ou en pleine terre, voici les définitions de quelques-unes de ces pratiques.
- En pleine terre : l’agriculture urbaine se pratique directement dans les sols ou sur des buttes de cultures.
- En bac : la production maraîchère pousse hors sol dans des jardinières, des pots ou de grands bacs en bois contenant du substrat.
- Hydroponique : elle se pratique hors sol à partir d’un système de tours ou de gouttières. Les plantes sont nourries par une solution nutritive en circuit fermé.
- Aquaponique : il s’agit d’un système de production alimentaire mêlant culture de plantes et élevage de poissons. Cette culture se pratique en radeaux ou en bassins en circuit fermé.
- En intérieur (indoor) : ces pratiques agricoles permettent de faire pousser des fruits et légumes dans des parkings souterrains ou dans des conteneurs. Les plantes sont installées dans un espace fermé sous éclairage artificiel.
Quels défis les projets d’agriculture urbaine doivent-ils relever ?
Les projets d’agriculture urbaine doivent faire face à plusieurs défis majeurs avant une mise en place effective en ville.
Des espaces agricoles plutôt rares sur le territoire urbain
La ville offre peu d’espaces vacants et disponibles pour ce type d’agriculture. L’agriculture urbaine ne peut pas se pratiquer n’importe où. Une toiture devra être plate pour accueillir des serres urbaines. Mais au cœur de la ville de Paris, par exemple, les toits sont surtout pentus. Dans le cas de friches urbaines, il faut s’assurer que les sols sont sains afin d’éviter les risques de pollution des aliments produits.
La pollution des villes, un risque pour l’alimentation urbaine ?
La question de la pollution reste le principal inconvénient de l’agriculture urbaine. La pollution des sols peut contaminer les plantes cultivées dans les espaces agricoles urbains. La surveillance de la qualité des sols et des substrats est impérative lors de tout projet d’agriculture urbaine.
La pollution atmosphérique inhérente aux grandes villes, comme Paris, pose également problème. Ses effets sur les aliments produits sont réduits si certaines règles sont respectées. Ainsi, les espaces en hauteur sont privilégiés pour tout projet d’agriculture urbaine. La gestion écologique des cultures est un autre outil à disposition des acteurs citadins.
Comment le développement de l’agriculture urbaine peut-il contribuer à la durabilité environnementale ?
L’agriculture urbaine se veut vertueuse. Sa mise en place contribue au développement durable. En dehors du concept de production de proximité en circuit court, ce type d’agriculture agit aussi sur :
- la réduction des gaz à effet de serre dans les milieux urbains ;
- la gestion écologique des eaux de pluie urbaines ;
- la lutte contre les îlots de chaleur urbains ;
- la valorisation circulaire des déchets organiques ;
- le développement de toutes les formes de biodiversité en ville.
L’agriculture urbaine participe à la sensibilisation des citadins aux problématiques en lien avec l’environnement. En gérant un jardin, les habitants des villes s’interrogent sur leur consommation alimentaire et globale. Ce rôle éducatif les pousse à choisir, ensuite, des productions issues de l’agriculture biologique ou à modifier leur rapport au gaspillage alimentaire dans leur vie quotidienne.
Quels sont les projets d’agriculture urbaine les plus inspirants ?
Le Québec a été précurseur en matière d’agriculture urbaine dans le monde. La ville de Montréal abrite aujourd’hui le plus important programme d’agriculture urbaine de la planète. Plus de 8500 parcelles sont réparties dans 97 jardins, 75 jardins collectifs et projets privés.
Loin de Montréal, la France tire également son épingle du jeu. À Paris se trouve la plus grande ferme urbaine en toiture d’Europe. Elle occupe le toit du parc des expositions. Cette ferme urbaine s’étale sur 14 000 m2. Elle produit plusieurs centaines de kilos de fruits et légumes par jour. En 2020, la ville de Paris et l’Île-de-France abritaient plus de 1 300 jardins collectifs (familiaux et partagés) et 132 vignes.
Autre exemple d’agriculture urbaine, à Nantes, où un projet allie production d’énergie et activité agricole. Symbiose, une serre-pépinière multifonction, a été installée sur le toit d’un immeuble. Le projet permet de cultiver des aliments et de chauffer l’eau des habitants.
Selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), 75 % de la population sera urbaine dans le monde d’ici 2050. En accompagnant l’évolution inéluctable de nos modes d’alimentation, l’agriculture urbaine peut jouer un rôle majeur. Sa nature vertueuse en fait une alliée précieuse en matière de protection de l’environnement.
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