6 août 2024
JO, baignade : pourquoi a-t-on procédé à la dépollution de la Seine ?
L’organisation des Jeux olympiques et paralympiques 2024 en France, à Paris, a tout déclenché. Ce fut le point de départ de la dépollution de la Seine et de la Marne. Le programme prévoyait des épreuves de natation en plein air sur le fleuve parisien alors que depuis cent ans, il était interdit de s’y baigner. La faute à des bactéries en très grand nombre charriées par un mélange d’eaux usées et pluviales. Pour dépolluer la Seine en vue des Jeux olympiques, il a donc fallu améliorer l’assainissement. Des stations d’épuration ont été modernisées. Un immense bassin de stockage a été construit. Les travaux ont coûté plus d’un milliard d’euros. Aujourd’hui, le cours d’eau est assaini. Les Parisiens profiteront de sites de baignade dès 2025.
Proposer une qualité des eaux de baignade optimale pour les Jeux olympiques
L’idée a germé en 2015 dès le dépôt de candidature de la Ville de Paris pour l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) 2024. Et si certaines épreuves nautiques se déroulaient sur la Seine au cœur de la Ville lumière ? Seul hic de taille à l’époque : la qualité des eaux du fleuve se révélait trop mauvaise. Dans ces conditions, les athlètes ne pouvaient pas nager dedans.
Financé par l’État et les collectivités d’Île-de-France, un long processus de dépollution du fleuve a donc été lancé. Il concernait également la Marne, sous-affluent de la Seine. Un Plan baignade a vu le jour dès 2015. Le processus en lien avec les JO a, lui, débuté en 2018.
Dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques, trois épreuves devaient se tenir sur le cours d’eau. Il s’agissait du triathlon, de la nage en eau libre et du paratriathlon. Quelques jours avant le début des épreuves, en juillet 2024, la maire de Paris et la ministre des Sports se sont tour à tour immergées dans la Seine. Elles entendaient prouver son état de santé optimal.
La pollution de la Seine causée par les eaux usées
Depuis 1923, la Seine est interdite à la baignade. La mauvaise qualité de l’eau expose notamment les baigneurs à des gastro-entérites. Principales responsables de la pollution : les eaux usées non traitées. Leur rejet dans la Seine dégrade la qualité générale de l’eau.
Non ou insuffisamment traitées, elles charrient des bactéries. La présence de deux d’entre elles, Escherichia coli et entérocoques, détermine le taux de pollution. Au-dessus d’un certain seuil, que fixe une directive européenne de 2006, l’eau est jugée impropre à la baignade.
Par ailleurs, lors d’un épisode de forte pluie, le ruissellement entraîne des bactéries présentes sur le sol vers le fleuve. Ce genre de pollution est difficile à éliminer. Des ouvrages d’assainissement permettent toutefois de la limiter.
Des travaux de grande ampleur pour la dépollution de la Seine
Des travaux de grande ampleur ont été nécessaires pour nettoyer la Seine avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris. En plus de la construction d’ouvrages d’assainissement, des branchements d’habitations et de péniches au tout à l’égout ont été réalisés.
Mieux traiter les eaux usées et pluviales grâce à des ouvrages de qualité
À travers le Plan baignade initié par la Ville de Paris, l’État et les collectivités d’Île-de-France, les stations d’épuration ont été modernisées. Un bassin d’orage a été conçu à Austerlitz. Lors de fortes pluies, il évite de saturer le réseau des égouts et de déverser des eaux usées dans la Seine.
Des stations d’assainissement modernisées pour dépolluer les eaux rejetées dans l’environnement
Les stations d’épuration parisiennes ont amélioré leurs systèmes de traitement de l’eau. La station de Noisy-le-Grand utilise des lampes à ultraviolets. Elles tuent les bactéries résistantes aux étapes de désinfection préalables. La station de Valenton dans le Val-de-Marne se sert d’acide performique pour les éliminer.
Un bassin d’orage à Austerlitz pour éviter les rejets dans la Seine
Un bassin de stockage des eaux de pluie de 50 000 m3 a été mis en service en mai 2024 près d’Austerlitz. Il retient l’excédent d’eau lors d’épisodes orageux. Ainsi les égouts ne débordent pas. Les eaux sales ne sont pas rejetées dans le fleuve.
Les bateaux amarrés à Paris raccordés aux réseaux d’assainissement
Depuis la loi relative à l’organisation des JO du 26 mars 2018 (article 11), les bateaux amarrés à Paris ne peuvent plus rejeter leurs eaux sales dans la Seine. Ils ont l’obligation de se raccorder aux réseaux d’assainissement de leur port de rattachement. Ce raccordement a concerné 260 bateaux stationnaires dans Paris.
Les mauvais branchements d’habitations au tout à l’égout résorbés
23 000 mauvais branchements ont été résorbés en amont de Paris. Il s’agissait d’habitations de particuliers qui n’étaient pas branchées au tout à l’égout. Leurs eaux sales se déversaient directement dans le fleuve sans être traitées.
Dans le Val-de-Marne, les eaux de pluie sont passées au peigne fin
Le département du Val-de-Marne a construit une station de dépollution des eaux pluviales. Des dégrilleurs et des bassins de décantation permettent de les débarrasser des plus gros déchets et de particules en suspension. Elles sont ensuite soumises à un traitement ultraviolet. Cela permet d’éliminer la quasi-totalité des micro-organismes présents.
Le plan onéreux de la dépollution de la Seine
Tous ces travaux et ces actions ont un coût. Au total, 1,4 milliard d’euros ont été mobilisés afin de rendre la Seine et la Marne à nouveau propres à la baignade. L’État s’est engagé à hauteur de 700 millions d’euros par le biais de l’Agence de l’eau Seine-Normandie. La région et les collectivités franciliennes ont également participé au financement. Pour exemple, la seule construction du bassin d’Austerlitz a coûté 90 millions.
Pouvoir pratiquer la natation dans la Seine et dans la Marne, l’héritage de Paris 2024
Si elle se pérennise, la dépollution de la Seine et de la Marne profitera à tous les Franciliens. Des sites pour se baigner devraient être ouverts dès 2025 dans Paris. Quant aux écosystèmes, ils semblent apprécier ces cours d’eau assainis.
Des sites de baignade en 2025 à Paris, puis dans le Val-de-Marne
Après les épreuves de natation en eau libre des JO, la Seine a été rendue aux Parisiens. Mais il faudra encore un peu de patience avant de plonger dans ses eaux saines. Les baignades sauvages seront interdites, tient à préciser la Ville de Paris.
Trois premiers sites ont été identifiés pour s’y baigner. Ils devraient être ouverts dès l’été 2025 dans Paris :
- au Bras Marie (entre l’île Saint-Louis et Saint-Paul) dans le 4e arrondissement ;
- au Bras de Grenelle (non loin de la Tour Eiffel) dans le 15e arrondissement ;
- à Bercy, en contrebas du parc, face à la Bibliothèque nationale de France, dans le 12e arrondissement.
Les plans d’eau devraient être délimités par des bouées. Sept lieux ont, par ailleurs, été identifiés dans le Val-de-Marne. La baignade ne sera autorisée que pendant les mois d’été. La concomitance des ultraviolets du soleil, d’un plus faible débit et de moindres intempéries favorise une bonne qualité de l’eau de la Seine et de la Marne.
Une trentaine d’espèces de poissons de retour dans la Seine
Les résultats de la dépollution de la Seine sont également visibles dans l’environnement. Il suffit d’observer les écosystèmes. Selon le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP), seules trois espèces de poissons peuplaient le cours d’eau dans les années 70. Bonne nouvelle. On compte aujourd’hui plus de 34 espèces différentes dans les eaux assainies.
En France, les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) 2024, temps forts du sport mondial, ont été déterminants dans le processus de dépollution de la Seine. L’idée d’organiser les épreuves de triathlon, nage en eau libre et paratriathlon au cœur de Paris a accéléré les choses. Malgré leur coût mirobolant, les nombreux travaux menés ont eu des résultats probants. La qualité des eaux va désormais permettre à des millions de personnes de se baigner dans Paris. Cela devrait être possible à l’horizon 2025. Ce sera l’un des héritages de Paris 2024.
L’environnement vous intéresse ? Découvrez les formations proposées par l’ESI Business School.