24 février 2025

La piétonnisation des villes : l’avenir de la mobilité durable

Stationnement interdit ou limité, voies réservées aux piétons, beaucoup de communes s’emparent de l’aménagement urbain pour repenser (en mieux) l’espace public. Au programme : délaisser la voiture et préférer la marche ou les transports, améliorer la qualité de vie des habitants et dynamiser les commerces. La piétonnisation des villes est-elle à la hauteur de ses objectifs ? En route vers ce code de bonne conduite environnementale.

Les bénéfices d’une zone piétonne au cœur de la ville

L’essor des villes les a rendues irrespirables : pollution, circulation difficile, stationnement insuffisant. La création de zones piétonnes rééquilibre l’espace urbain et laisse la place aux mobilités douces. Trois avantages incitent à revoir l’aménagement de la voirie pour tendre vers une ville écologique.

Améliorer la qualité de vie

La circulation automobile affecte directement la qualité de vie en milieu urbain. En réduisant le nombre de véhicules en centre-ville, la piétonnisation permet de limiter la pollution atmosphérique, et de créer un environnement plus sain pour les habitants. Moins de voitures, cela signifie également moins de stress lié au bruit et aux embouteillages.

Un espace piétonnier délivre aussi un cadre plus agréable pour les promenades, avec des voies aménagées pour la détente et le bien-être : des bancs, des espaces verts et des aires de jeux favorisent les interactions sociales et la convivialité entre habitants.

Dynamiser les commerces

Certains commerçants perçoivent la piétonnisation des villes comme une menace pour leur activité. Ils redoutent une diminution du flux de clients qui ne pourraient pas venir en voiture. Pourtant, de nombreuses études d’impact montrent que les rues piétonnes attirent davantage de visiteurs. Elles augmentent le temps de présence des clients et, par conséquent, boostent la consommation.

Les clients profitent en effet d’un espace réservé pour regarder les vitrines et entrer dans les boutiques sans être gênés par la circulation automobile. Les terrasses, les animations et les événements en plein air contribuent à rendre ces zones plus attractives et vivantes. On peut généralement constater une augmentation de l’activité commerciale après la mise en place de zones piétonnes bien aménagées dans le centre-ville.

Sécuriser les déplacements

La sécurité des piétons est un enjeu majeur dans les villes où la circulation automobile côtoie les flux de piétons et de cyclistes. Interdire ou limiter l’accès aux véhicules (bornes escamotables) réduit considérablement le risque d’accident. Les enfants, les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite peuvent ainsi se déplacer avec plus de sérénité.

La piétonnisation des villes favorise aussi d’autres formes de mobilité durable, comme le vélo ou la trottinette. En intégrant des pistes cyclables et des voies dédiées aux transports en commun, on fluidifie les déplacements tout en réduisant l’empreinte carbone de la ville.

Les étapes d’un projet de piétonnisation des villes

Les travaux pour rendre un quartier piétonnier suivent un plan d’aménagement voté par la municipalité, selon le code de l’urbanisme.

L’analyse des usages et des besoins

Avant de démarrer un projet, la ville réalise une étude approfondie des usages et des attentes des différents acteurs concernés. Cette phase de recherche permet d’identifier les flux de circulation, les modes de déplacement et les zones à forte affluence. Les besoins spécifiques des habitants, des commerçants et des usagers doivent rester au cœur du projet.

La population prend part au processus de décision en répondant aux enquêtes publiques. Une bonne compréhension des attentes va susciter une meilleure adhésion au projet et limite les résistances au changement. Certaines villes ont mis en place des dispositifs participatifs afin d’associer les habitants dès les premières phases du projet.

La mise en place d’un plan d’aménagement adapté

Après enquête, le plan d’aménagement urbain peut prendre en compte les spécificités locales et les différents usages de l’espace public. Le plan prévoit :

  • la délimitation des zones piétonnes et des espaces partagés ;
  • l’intégration d’espaces verts et de mobilier urbain qui favorisent la convivialité ;
  • l’installation de bornes et de dispositifs de contrôle pour réguler l’accès des véhicules autorisés (résidents, livraisons, services d’urgence) ;
  • l’adaptation des transports en commun pour compenser la réduction de la circulation automobile.

Ces aménagements doivent permettre un équilibre entre les différentes formes de mobilité urbaine tout en valorisant le déplacement à pied.

L’accompagnement des commerçants et des riverains

L’une des principales préoccupations lors de la mise en place d’une zone piétonne concerne son impact sur les commerces et les habitants. Pour éviter toute crispation, il faut anticiper les mesures d’accompagnement.

  1. Mettre en place des solutions pour le stationnement et la livraison des marchandises, par exemple en aménageant des aires de livraison spécifiques ou en autorisant des créneaux horaires dédiés.
  2. Organiser des actions de communication pour informer les usagers et rassurer les commerçants sur les bénéfices du projet.
  3. Sensibiliser les habitants aux nouveaux usages de l’espace urbain et aux opportunités créées par la piétonnisation.

 

Un projet d’avenir, mais des piétons mitigés selon la taille de la ville

Un projet de piétonnisation n’est pas accueilli avec le même élan dans toutes les villes de France. Son acceptation dépend de plusieurs facteurs.

Des modes de déplacement différents : voiture vs transports

Dans les grandes villes, la marche et les transports en commun font partie de la vie quotidienne. La piétonnisation fonctionne bien, car le réseau de métro, bus et tramway est bien développé, ce qui compense la suppression des voitures.

En revanche, dans les petites villes, les habitants sont plus habitués à se déplacer en voiture, même sur de courtes distances. Supprimer la circulation automobile peut être perçu comme une contrainte. La piétonnisation des villes, si elle est mal pensée, peut entraîner une baisse de fréquentation.

L’organisation urbaine et les commerces

Par ailleurs, les centres des grandes villes accueillent déjà une forte densité de commerces, de bureaux et de logements. La piétonnisation favorise ainsi un flux continu de clients et améliore l’attractivité. À l’inverse, dans les petites villes, uncentre-ville piéton peut détourner la clientèle vers des zones commerciales en périphérie, accessibles en voiture. Les commerçants locaux se sentent alors pénalisés.

Un report de trafic vers d’autres zones

Les voies interdites aux voitures repoussent la circulation vers d’autres axes, ce qui déplace simplement les bouchons et la pollution. Les automobilistes doivent parfois faire de longs détours, à une vitesse limitée par les embouteillages, ce qui occasionne plus d’émissions de CO₂. Le contraire, donc, de l’effet recherché.

3 grandes villes au top pour les piétons

Les résultats du Baromètre des villes et des villages marchables, édition 2023, placent trois communes en haut du classement. Rennes, Strasbourg et Nantes raflent les premières places des villes de plus de 200 000 habitants. Pour une population entre 100 000 et 200 000 habitants, Le Havre, Besançon et Dijon remportent la palme de la piétonnisation.

Classée en tête des grandes villes les plus accueillantes pour les piétons, Rennes a entrepris une politique ambitieuse de piétonnisation. Elle a instauré une zone à trafic limité (ZTL), élargi les trottoirs et amélioré la signalétique pour encourager les déplacements à pied. De quoi améliorer la qualité de vie en centre-ville, réduire la pollution et favoriser la mobilité durable.

Pionnière en matière de mobilités douces, Strasbourg a développé un vaste réseau de zones piétonnes, notamment sur la Grande Île. La ville a également mis en place un Plan Piéton 2021-2030. Ce projet multiplie les aménagements pour faciliter la marche, avec des trottoirs élargis, des espaces de rencontre et une végétalisation accrue.

Quant à Nantes, ses 20 km de voies piétonnes ont su transformer le centre-ville en un espace convivial. La ville a également investi dans des infrastructures cyclables et des transports en commun efficaces. La recette pour réduire la dépendance à la voiture.

La piétonnisation des villes restructure l’espace urbain, améliore la qualité de vie et répond aux enjeux environnementaux. Elle s’inscrit dans une démarche durable et bénéfique pour tous : mobilités douces, meilleur cadre de vie, réduction de la pollution. Cependant, sa mise en œuvre nécessite une réflexion sur l’accessibilité, la logistique urbaine et la possible pénalisation des commerces.

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