13 novembre 2024

Les risques des inondations en France : de l’actu aux phénomènes structurants.

Le risque d’inondations en France fait partie des sujets brûlants. 17,1 millions d’habitants sont exposés aux différentes conséquences des inondations par débordement de cours d’eau. Le risque d’inondation est d’ailleurs le premier risque naturel du pays. Au début de l’automne 2024, six départements étaient placés en vigilance orange pluie inondation, la faute à une « rivière atmosphérique » en partie liée au changement climatique. Si ce type d’évènement météo tend à se multiplier, quels sont les risques ?

La nouvelle tempête Kirk, une catastrophe représentative du dérèglement climatique en France

On se rappelle de l’ouragan Hélène qui a fait des ravages aux États-Unis en 2024. En ce mois d’octobre, c’est la tempête Kirk – un véritable ouragan – qui a déferlé sur la France entière, plaçant 30 départements en vigilance orange pour risques de pluies inondations. « Il y a un impact du dérèglement climatique sur ce type d’événement« , analyse mercredi 9 octobre 2024 sur Franceinfo, Alix Roumagnac, le président de Predict Services, la filiale « risques » de Météo France.

En effet, quand l’Atlantique est plus chaud, cela augmente l’humidité, et ainsi les risques d’orages et de précipitations intenses. Les dégâts sont immenses. Au total, ce sont 48 000 foyers qui ont été privés d’électricité, et de nombreuses routes fermées, en raison de la force des intempéries. Malheureusement, cette dernière inondation n’est pas un phénomène isolé. En septembre 2024, la Seine-et-Marne connaissait déjà des inondations violentes.

Les dernières inondations en France : zoom sur la Seine-et-Marne

Fin septembre 2024, les rues de Saâcy-sur-Marne se sont transformées en un véritable torrent. En quelques minutes, la pluie a fait déborder la rivière du Grand Morin. Dans ce secteur, certains habitants vivent leur troisième inondation depuis le début d’année 2024. Parmi eux, beaucoup envisagent même de déménager.

La région Île-de-France a même annoncé une aide de 1,6 millions d’euros pour aider les communes les plus touchées. Il n’empêche. Les habitants suivent désormais le risque de débordement des rivières comme le lait sur le feu. Mais la Seine-et-Marne n’est pas le seul département français dans ce cas.

Inondations en France : les départements les plus touchés par les fortes pluies

La Haute-Saône, ainsi que le Pas-de-Calais, sont les deux départements les plus touchés par les inondations si on fait un retour en arrière de 40 ans. Depuis 1983, le département du Pas-de-Calais a connu 3 907 arrêtés de catastrophe naturelle pour inondations. La Haute-Saône en dénombre, quant à elle, 4 039 !

Ce sont les départements des Hautes-Alpes et de la Corse-du-Sud, qui, à l’inverse, sont les moins touchés par les risques d’inondations depuis 40 ans. Même si la vallée de la Roya a été dévastée par la tempête Alex en 2020. Au-delà d’être au cœur de l’actu météo, ces sujets posent de véritables défis en termes de gestion des territoires et des activités humaines.

Le risque de crue de rivière et de cours d’eau

On parle d’inondation par débordement de cours d’eau lorsqu’une rivière ou un cours d’eau déborde de son lit habituel. Il peut s’agir de plusieurs phénomènes : les crues lentes, et les crues rapides et torrentielles.

Le premier phénomène est souvent dû à des pluies répétées, parfois cumulées avec des fontes de neige. Il débouche sur des inondations plutôt lentes, qui apparaissent au bout de quelques jours. Quant aux crues rapides et torrentielles, elles provoquent des inondations éclairs aux conséquences parfois dévastatrices. Elles peuvent transporter des matériaux (sédiments, galets, rochers) qui dévastent les habitations situées en aval de la rivière.

Les conséquences de la montée du niveau des eaux

Les conséquences du réchauffement climatique vont bien au-delà de ces épisodes de pluies intenses. A cause de la fonte des glaciers et de la calotte glacière, le niveau des mers augmente à vue d’œil. Les climatologues de la NASA estiment même que celui-ci pourrait augmenter de plus de 2 mètres d’ici la fin du siècle. Les conséquences sont l’inondation des zones côtières.

L’OCDE a estimé qu’une hausse de 50 cm du niveau des mers exposerait 150 millions de personnes à des inondations en cas de forte tempête. 13 % de la population urbaine mondiale vit sur ces côtes à risques, qui ne couvrent pourtant que 2 % de la surface mondiale.

Quelles sont les zones à risques d’inondation ?

Sur les 240 000 reconnaissances de l’état de catastrophe naturelles arrêtées sur la période 1982-2023, près de 56 % incombent aux inondations ! Mais tous les territoires ne jouent pas avec les mêmes cartes en main. Certains sont plus exposés que d’autres. Les régions Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes sont les plus exposées vis-à-vis de l’aléa inondation par débordement de cours d’eau. Viennent ensuite les régions Hauts-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Grand Est.

Le risque de submersion dans les zones côtières

On distingue trois types de submersions marines :

  • La submersion par débordement. Elle intervient lorsque le niveau marin est supérieur à la cote de crête des ouvrages ou du terrain naturel.
  • La submersion liée aux vagues.
  • La submersion par rupture du système de protection. Elle intervient lorsque les digues se rompent face à l’attaque des houles.

En raison de ces nombreuses côtes, la France est particulièrement exposée aux risques de submersions marines. La nécessité de prendre en compte ce risque va être de plus en plus importante dans les années à venir. Cela s’explique par la forte attractivité des espaces littoraux et l’accroissement de la population vivant sur les côtes. Et ce, alors que dans le même temps, le niveau de la mer et l’intensité des aléas marins devraient sensiblement augmenter en lien avec l’augmentation des températures.

Intempéries : comment les autorités nous informent des risques

En France, les autorités surveillent près de 23 000 km de cours d’eau, 24 h/24, via le réseau Vigicrues. Ce service public couvre 75 % de la population vivant en zone inondable. Il permet de prévenir les autorités et le public en cas de risque élevé. Cette information est aussi relayée par Météo-France via la vigilance météorologique.

On peut distinguer trois niveaux de vigilance :

  • le niveau de vigilance jaune ;
  • le niveau de vigilance orange ;
  • le niveau de vigilance rouge.

Mais que signifient-ils exactement ?

La vigilance orange pour risques de pluie inondations

Le niveau de vigilance orange signifie qu’il faut être très vigilant et suivre de près les informations apportées par les autorités. Concrètement, cela signifie qu’il faut éviter de prendre la route et se tenir informé des évolutions météorologiques.

Que faire en cas de niveau de vigilance rouge ?

En cas d’alerte rouge pour pluie inondations, il est indispensable de se confiner. Fermez les portes, fenêtres et volets en front de mer. Protégez vos biens susceptibles d’être inondés ou emportés. Prévoyez des vivres et du matériel de secours. Surveillez la montée des eaux et tenez-vous informé auprès des autorités.

Les états des sols jouent sur le risque d’inondation

Après une période de canicule ou de sécheresse, l’assèchement des sols aggrave le risque d’inondations. En cas de forte pluie, l’eau qui tombe ne peut plus s’infiltrer dans le sol. Elle reste à la surface et ruisselle alors rapidement vers les rivières, ce qui gonfle leur volume et augmente leur débit. Au niveau du cours d’eau, l’eau ne peut plus se répandre et pénétrer dans les sols, elle prend alors de la vitesse et provoque des catastrophes sur son passage, comme l’écoulement de boue ou de matériaux emportés par le débit.

Pourquoi le risque d’inondations augmente-t-il en France ?

Les risques liés aux inondations augmentent en raison de plusieurs facteurs :

  • L’urbanisation est le premier facteur clé. De nombreuses constructions ont été implantées en zone inondable. Les villes se densifient et les constructions s’approchent toujours plus des zones à risque. La vulnérabilité des territoires augmente.
  • L’artificialisation des sols. Le développement des réseaux routiers, l’implantation d’entreprises sur les territoires, de zones commerciales, la construction d’habitations, imperméabilisent les sols. Il en va de même pour l’assèchement de millions d’hectares de zones humides pour le développement de l’agriculture intensive, la suppression des haies et la déforestation.
  • Certains aménagements des cours d’eau accélèrent l’écoulement de l’eau de la rivière. Les crues se propagent alors plus rapidement et deviennent plus dangereuses pour les habitations ou activités situées en aval de la rivière. De telles situations peuvent arriver quand on modifie le tracé d’un cours d’eau, quand on construit des digues ou qu’on creuse le lit de la rivière.

En définitive, les pluies d’inondations en France permettent de prendre l’ampleur des sujets liés au réchauffement climatique. Avec la canicule, c’est en effet la conséquence la plus visible en France de l’augmentation des températures. Ces phénomènes ne doivent pas simplement nous alerter, mais nous donner envie d’agir pour le développement durable. En transformant nos villes, en réduisant l’artificialisation des sols, et en optant pour la sobriété énergétique, Il reste une marge de manœuvre pour ralentir l’expansion de ces risques naturels.

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