1 juin 2022
Quand Airbus réalise un vol avec de l’huile de friture
Un Airbus A380 a effectué avec succès son premier vol, alimenté par un biocarburant fabriqué à partir d’huile de cuisson. De l’huile de cuisine ? Est-ce vraiment sans danger ? Sommes-nous sûrs qu’elle réduira les émissions de CO2 ? Et surtout, est-ce vraiment de l’huile de cuisson ?
Un essai unique et une histoire incroyable
Airbus affirme que son objectif est de développer « une nouvelle génération de carburants durables pour l’aviation, non toxiques et neutres en carbone. » Selon Airbus, les carburants durables pour l’aviation réduisent jusqu’à 80 % les émissions de CO2 par rapport au kérosène conventionnel à base de pétrole.
La société affirme que c’est la première fois qu’un avion de ligne commercial est propulsé uniquement par de la SAF – et ce n’est pas un mince exploit. L’avion d’essai était équipé d’un moteur spécialement conçu pour fonctionner à la fois avec du kérosène et du biocarburant liquide fabriqué à partir d’huile de cuisson usagée ou de graisses animales.
Un vrai besoin de changer le carburant aérien
Le secteur de l’aviation est responsable d’environ 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais il connaît une croissance rapide en raison de l’augmentation du nombre de passagers et de la quantité de marchandises transportées par avion.
Cela signifie que l’aviation est l’un des contributeurs au changement climatique dont la croissance est la plus rapide.
L’industrie aéronautique tente depuis des années de trouver une solution à ses problèmes environnementaux afin de ne pas se laisser distancer par les autres modes de transport : trains, voitures… Mais il semble qu’il n’y ait pas d’autre alternative que les biocarburants. Ces derniers sont créées à partir de sources renouvelables telles que les déchets agro-industriels ou la mélasse de betterave à sucre… Cependant, ces solutions ne sont pas encore assez matures et ont leurs propres impacts environnementaux (consommation d’eau), économiques (coût élevé) et sociaux (manque d’équipement).
Un Airbus qui vole à l’huile de friture
L’Airbus A380 est le plus grand avion de passagers au monde. Il est capable de transporter jusqu’à 853 personnes sur un seul vol. L’avion possède deux ponts, supérieur et inférieur, avec deux niveaux de sièges sur chaque pont.
L’Airbus était chargé de 50 tonnes d’huile de friture, qui seront utilisées à des fins de test.
L’idée n’est pas nouvelle : en 2016, un avion d’Air France avait déjà effectué un vol d’essai avec ce type de carburant. Mais cette fois, c’est la première fois qu’un A380, le plus grand avion de ligne du monde, a pu voler avec cette huile de cuisson. Le décollage, le vol et l’atterrissage ont été réussis !
L’avion a décollé de l’aéroport du Bourget, près de Paris, et a atterri trois heures plus tard à l’aéroport d’Istres-Le Tube, dans le sud de la France. Pendant ce vol, il a été alimenté par un biocarburant fabriqué à partir d’esters et d’acides gras provenant d’huiles de friture récupérées, filtrées et probablement améliorées.
L’avion a dans un premier temps décollé de l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle à 9 heures, avec seulement 10 personnes à bord. Il a atterri à l’aéroport du Bourget à 11h30 après 3 heures de vol afin de se ravitailler en carburant avec un mélange de 90% d’huile de tournesol et 10% de kérosène. Ce mélange a été préparé par Air France Industries KLM Engineering & Maintenance (AFI KLM E&M) à partir d’huiles végétales usagées récupérées dans les restaurants de la filiale de restauration du groupe Air France KLM, LSG Sky Chefs.
Une nouvelle tentative prévue entre Toulouse et Nice
L’avenir de l’aviation se veut vert. Airbus a déjà commencé à tester l’utilisation de biocarburant dans ses avions, et l’heure est venue de passer à l’étape suivante : un nouvel essai entre Toulouse et Nice.
Airbus n’a pas été le seul à tenter l’expérience des biocarburants. L’entreprise a travaillé avec Air France, qui utilise du biocarburant depuis 2015.
L’A380 a été choisi pour ce premier vol car il s’agit du plus grand avion civil actuel ! Pour les employés d’Airbus, il n’y a aucun doute : si l’A380 peut voler pendant trois heures avec de l’huile de cuisson améliorée dans son réservoir, alors tous les avions du monde pourraient l’utiliser dans les années à venir…
Une nouvelle opportunité pour l’avenir ?
D’après le blog d’Airbus annonçant le vol d’essai, le biojet produit 80 % d’émissions en moins que les carburants classiques. Il a également produit moins de nuisances sonores et rejeté moins de particules dans l’atmosphère que les carburants traditionnels lors du décollage et de l’atterrissage.
L’entreprise indique qu’elle prévoit de réaliser d’autres tests avant de commercialiser sa technologie de biocarburant. Si tout se passe bien, nous pourrions voir ce type de vols se multiplier à l’avenir.
L’avenir de l’aviation serait prometteur si tous les avions étaient équipés de tels réservoirs et s’ils étaient capables de voler avec de l’huile de cuisine… Malheureusement, il y a encore quelques obstacles avant d’atteindre cet objectif : par exemple, quelle quantité d’huile de cuisson peut-on produire ou comment la recycler ?