23 juin 2025

La fête de la musique est-elle écologique ?

Les instruments descendent dans la rue, une petite place devient une scène pour la soirée. À Paris et dans toutes les villes de France, mais aussi dans 120 pays du monde, chaque année, les artistes et les musiciens amateurs font vibrer le public pour la Fête de la musique. L’occasion d’écouter du rock, du jazz, de la musique classique, de la pop ou de l’électro. Les concerts gratuits mettent à l’honneur tous les styles musicaux. Mais ce grand événement du solstice d’été peut-il se mettre au diapason des enjeux écologiques ?

L’impact d’une soirée de concerts dans tout le pays

La musique adoucit les mœurs, mais elle ne réduit pas l’empreinte carbone. Entre la forte affluence, la logistique énergivore, la diversité des scènes et la gratuité des concerts, c’est l’environnement qui paie le lourd tribut de cet événement estival.

Un événement qui donne l’occasion d’écouter tous les styles de musique

Depuis plus de 40 ans, la Fête de la musique fait battre le cœur des villes et des campagnes. À chaque édition, le 21 juin devient un grand terrain de jeu musical : centre-ville, place, parc, chaque lieu pouvant accueillir du public se transforme en scène ouverte. Toutes les musiques ont droit de cité. Concert classique joué sur le parvis d’une mairie, set électro improvisé sur un balcon ou groupe de rock devant la médiathèque, il n’y a pas de critères de sélection. Tout est joyeusement et gratuitement permis.

Ce phénomène ne sévit pas qu’en France. Exportée dans de nombreux pays du monde, la Fête de la musique résonne désormais en Europe, en Asie, en Amérique, dans des villes comme Berlin, Rome, Genève ou Montréal. L’esprit reste le même : gratuité, liberté d’expression musicale et pluralité culturelle pour un concert open air.

Un engouement toujours plus grand pour les concerts

Chaque année, ce sont des milliers d’amateurs, de groupes locaux ou semi-professionnels, d’artistes engagés et de mélomanes qui prennent part à cet événement musical hors norme. Certains y viennent en famille, d’autres pour faire la fête jusque tard dans la nuit, tous pour assister à des concerts en plein air. On pourrait penser qu’un concert gratuit dans un lieu public n’a pas d’incidence sur la planète. Pourtant, cela demande une importante logistique. Résultats : pollutions en tous genres et surconsommation énergétique rythment la soirée.

Un concert gratuit, mais pas sans coût sur l’environnement

Pollution lumineuse, sonore, énergétique, brassées de déchets, c’est aussi ça, la Fête de la musique. L’afflux massif de spectateurs engendre des effets secondaires sur l’environnement urbain.

Le transport

En bonne place des émissions de GES : les transports. Même si l’événement reste local, il attire souvent un public qui vient aussi d’une autre ville en voiture. Dans les grandes agglomérations, les transports en commun sont pris d’assaut. Ils nécessitent un renfort de l’offre pour l’occasion. Rames supplémentaires, éclairage prolongé impliquent une soirée plus énergivore.

La consommation électrique

De l’énergie aussi pour le son, les jeux de lumière et toutes les installations techniques (amplis, micros, tables de mixage). Une petite scène de quartier fait vite grimper la consommation, surtout si elle est alimentée par un groupe électrogène.

La pollution sonore et lumineuse

Dans certains quartiers, la musique se prolonge tard dans la nuit. Au grand dam de la faune urbaine (et des riverains). À cela s’ajoute la pollution lumineuse générée par l’éclairage scénique.

Les déchets

Canettes, bouteilles, emballages alimentaires, flyers, mégots défigurent les rues après la fête. Des riverains excédés l’ont même surnommée la fête des ordures.

Focus sur Paris et les grandes villes

Dans la capitale, où chaque arrondissement accueille des dizaines de concerts, l’événement prend une toute autre dimension. La ville devient, le temps d’une soirée, une immense scène à ciel ouvert. Cette concentration de concerts nécessite une impressionnante organisation : gestion des flux de public, sécurisation des lieux, installations techniques, puis nettoyage renforcé dès l’aube.

Une réalité coûteuse en moyens humains et matériels, invisible aux yeux des noctambules. Les services de la voirie, qui doivent faire place nette, déplorent en effet une nette augmentation des déchets.

Constat similaire dans d’autres grandes villes de France, où le coût écologique de la Fête de la musique pose question. Faut-il repenser l’organisation pour réduire son empreinte ? Encourager des formats plus sobres ?

Des initiatives pour un événement musical plus vert

Des initiatives existent déjà pour limiter l’impact des concerts et repenser les événements en mode durable.

L’écoresponsabilité dans l’organisation d’un concert ou d’un festival

Certaines scènes utilisent déjà des panneaux solaires mobiles ou un groupe électrogène fonctionnant au biodiesel (huiles végétales recyclées). C’est le cas du festival We Love Green à Paris, qui expérimente diverses sources d’énergie renouvelable pour alimenter ses installations depuis sa création en 2011. D’autres festivals encouragent l’utilisation du vélo, proposent des navettes gratuites ou organisent du covoiturage via une plateforme partenaire. La distribution de vaisselle réutilisable grâce au OuiKit permet de réduire l’impact des déchets.

Une sélection d’artistes engagés

Mais la transition ne se joue pas uniquement sur la logistique, elle se ressent aussi sur la programmation d’une nouvelle scène musicale engagée. De plus en plus d’artistes français défendent une cause environnementale à travers leur musique et leurs textes militants. Certains adaptent même leur tournée pour limiter les déplacements. Des concerts protéiformes mêlent performances musicales, installations artistiques temporaires, ateliers de sensibilisation et espaces de discussion sur le climat ou la biodiversité.

La nouvelle place de l’écologie dans la musique

D’ailleurs, le public prend conscience des enjeux et adopte de nouvelles pratiques. Tout comme les collectivités qui mesurent l’impact des festivals sur l’environnement, et donnent le ton d’une transition écologique dans la musique.

Les sorties engagées des amateurs de musique

Les mentalités changent chez les spectateurs qui se préoccupent davantage du tri des déchets et de la mobilité douce. Les sorties en famille, notamment, sont l’occasion d’apprendre aux plus jeunes une culture respectueuse des lieux. Une étude menée en 2023 par Bona Fidé pour MBA-Impact(s) / Fairly souligne que 64 % du public d’un festival accorde de l’importance aux enjeux RSE de l’événement musical et préfère un spectacle durable.

Culture : le rôle des institutions et des villes

De leur côté, les pouvoirs publics encouragent l’organisation de concerts plus verts. Plusieurs villes françaises s’engagent à faire de la Fête de la musique un modèle d’événement responsable, portées par les appels à projets Alternatives vertes. Lancés dans le cadre des plans d’action de France 2030, ces appels à projets visent à soutenir la transition écologique du secteur de la culture, dont la musique. Objectifs de ces Alternatives vertes :

  • favoriser des solutions innovantes et reproductibles (concerts, festivals, scénographies) pour réduire l’impact environnemental de la chaîne musicale (carbone, déchets, biodiversité, etc.) ;
  • généraliser l’évaluation de l’empreinte environnementale avec le développement de calculateurs carbone, d’outils d’éco-conception et de stratégies de réduction des déchets et des impacts numériques ;
  • renforcer les compétences professionnelles avec la mise en place de modules de formation continue pour accompagner la montée en responsabilité écologique dans les métiers de la musique et de l’événementiel.

Concrètement, les acteurs du secteur de la musique peuvent bénéficier de financements et de soutien pour intégrer des scènes à énergie renouvelable, une logistique en circuit court et le pilotage des impacts carbone.

La Fête de la musique reste une soirée populaire, accessible gratuitement, et profondément ancrée dans l’espace public. Les plans d’action ne manquent pas pour réduire l’empreinte environnementale de cet événement. La dynamique existe. Villes, collectivités, organisateurs, amateurs de musique, il revient à chacun d’interpréter au mieux sa partition. Sans carbone, la fête est plus folle.

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